Services à la personne : offres d’emploi à la sauce patronale30/11/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/11/2835.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Services à la personne : offres d’emploi à la sauce patronale

Les 29 et 30 novembre se tenait le Salon des services à la personne. Les organisateurs ont mis en avant les dizaines de milliers de postes à pourvoir dans les métiers d’aidants, visant à « mieux grandir, vivre et vieillir chez soi ».

Cette belle ambition ne dépasse malheureusement pas le slogan publicitaire destiné aux visiteurs anxieux de conserver, pour eux-mêmes ou leurs proches, des conditions de vie confortables à domicile malgré l’âge ou la maladie. Les choses sérieuses commencent quand les exposants s’adressent aux investisseurs. Il est alors question de « secteur porteur » et de belles performances du chiffre d’affaires. Vieillissement de la population, incitations fiscales obligeamment fournies par le gouvernement et exploitation maximum des travailleurs sont autant d’arguments autrement plus concrets que le bien-vieillir.

Guillaume Richard, le patron de Oui Care, l’une des grosses entreprises du secteur, a ainsi pu lever des dizaines de millions d’euros auprès d’investisseurs pour absorber une partie de la concurrence et faire en quelques années de son entreprise l’un des poids lourds du secteur. Avec des centaines d’agences, dont certaines franchisées, et des centaines de millions d’euros de chiffre d’affaires, c’est un patron heureux qui s’est exprimé dans les médias.

Seule ombre au bonheur de ce patron : la difficulté à recruter alors que « l’économie senior » représenterait des centaines de milliers de postes. Il l’assure pourtant, conscient des conditions de travail difficiles : le secteur a beaucoup fait pour les améliorer. Et de citer pêle-mêle l’offre de tickets restaurant, de meilleures mutuelles et des plannings mieux étudiés.

Mais mieux étudiés pour qui ? Les journées des aides à domicile et des auxiliaires de vie commencent tôt ou se terminent tard, voire les deux, puisqu’elles doivent être présentes aux heures de lever et de coucher, aux heures de repas. À ces horaires difficiles s’ajoute la contrainte d’un temps de travail minuté et trop court, qui les oblige à courir d’une personne à l’autre, en sachant qu’elles ne disposent pas du temps nécessaire à celle dont elles s’occupent. Quant aux transports, pour celles qui travaillent en zone rurale, le montant de l’indemnité kilométrique ne couvre évidemment pas les dépenses en carburant. Tout cela pour un smic horaire dont le pouvoir d’achat ne cesse de dégringoler, mais dont Richard estime que « c’est le maximum que l’on peut faire supporter aux clients ».

Les centaines de millions de profits amassés par les patrons privés, et l’argent public lorsqu’il s’agit de structures publiques ou d’associations, suffiraient largement à donner à ces travailleuses des payes et des conditions de travail décentes. Pas besoin pour cela d’aller faire les poches de « clients » qui ont tout intérêt à ce que les travailleuses qui sont à leurs côtés aient le temps et les moyens de faire leur travail.

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