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Dans le monde
Migrants : les gouvernements européens assassinent
Des centaines de migrants étaient toujours bloqués, le 8 novembre, près des ports italiens, sur des navires affrétés par des ONG. Un seul parmi eux, d’une organisation allemande, a réussi à débarquer ses 89 passagers au sud de l’Italie, à Reggio de Calabre.
Pour les autres, le gouvernement italien n’a autorisé qu’une partie des migrants à descendre à Catane en Sicile : 144 sur 179 passagers de l’Humanity 1, 357 sur 565 du Geo Barents, sous pavillon norvégien. Quant à l’Ocean Viking de SOS Méditerranée, lui aussi sous pavillon norvégien, il erre toujours, depuis dix-sept jours, au large de la Sicile avec ses 234 rescapés à bord.
Près de 500 hommes et femmes sont ainsi coincés tout près des côtes, après des semaines d’errance. Après des parcours épouvantables, après avoir connu la prison, les tortures, traumatisés par la traversée et épuisés par le froid, ils sont obligés de rester sur des navires dont les équipes sont également exténuées, comme sur l’Ocean Viking où les vivres et les médicaments viennent à manquer et le Geo Barents qui connaît une épidémie de gale.
Tout ce que leur offre le gouvernement d’extrême droite italien, c’est de se soumettre à un tri selon une loi récemment votée, présentée par le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi : seuls les malades ayant besoin d’une assistance d’urgence et les mineurs sont autorisés à débarquer. Cela fait, il veut obliger les navires à regagner les eaux internationales sous peine d’une amende de 50 000 euros. Selon lui, les migrants non « qualifiés » doivent être pris en charge par les États dont les navires portent le pavillon.
Cette loi est bien sûr totalement contraire aux lois de la mer, qui veulent que des naufragés soient dirigés vers le port le plus proche capable de les accueillir. Peu importe à Piantedosi, membre de La Ligue, le parti d’extrême droite de Salvini, qui est devenu ministre des Transports dans le gouvernement de la « post-fasciste » Meloni. « Chaque individu à bord de ces navires paie environ 3 000 dollars, qui deviennent des armes et des drogues pour les trafiquants. » (…) Nous devons écraser le trafic non seulement d’êtres humains (…) mais d’armes et de drogues », a déclaré Salvini pour justifier cette loi et la nouvelle campagne anti-immigration du gouvernement.
Rien n’arrête la hargne xénophobe de politiciens aux sympathies fascisantes, et surtout pas les gouvernements européens à l’hypocrisie criminelle : certains regardent ailleurs, d’autres font la morale au gouvernement italien, rappellent qu’un navire privé voguant sous leur pavillon n’est pas du ressort de l’État, et en tout cas freinent des quatre fers quand il s’agit d’accueillir des migrants qui, pour des raisons géographiques évidentes, débarquent d’abord en Italie.
Le résultat est là : prêts à courir tous les risques pour tenter d’échapper à des conditions intenables, plus de 2 000 réfugiés sont morts en Méditerranée en 2021 et plus de 1 700 depuis le début 2022.