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Leur société
Chômage : indemnisation à la baisse
Avant même que le Sénat examine et vote la réforme de l’Assurance chômage, le ministre du Travail a réuni les partenaires sociaux, comme il est convenu d’appeler les confédérations syndicales et patronales, pour ne rien leur dire de concret.
Le 11 octobre la majorité de l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi « portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein emploi ». Il s’agit pour le gouvernement d’affirmer que l’économie se porte bien, donc qu’il est facile de trouver du travail. Et, puisque le patronat se plaint de ne pas trouver de main-d’œuvre, tout en refusant d’augmenter les salaires, il faut forcer les chômeurs à accepter n’importe quel travail en taillant dans leurs indemnités.
La presse économique est pleine d’articles sur la récession, se demandant si l’économie est déjà en crise, ou bien quand elle le sera, et s’interrogeant pour savoir si la crise sera simplement sévère ou bien très grave. Il y a donc effectivement urgence, du côté patronal et gouvernemental, à moduler les indemnités de chômage tant qu’on peut prétendre, avant d’être complètement démenti par les faits, que le plein-emploi est d’actualité.
Certain que le Sénat votera cette attaque du monde du travail lorsqu’il examinera le texte à partir du 25 octobre, le gouvernement a déjà organisé le 17 octobre la première réunion de concertation syndicats-patronat. Sans surprise Dussopt, le ministre du Travail, a pu entendre la satisfaction du Medef et l’opposition des centrales syndicales. Par contre Dussopt n’a rien précisé du tout quant aux nouvelles modalités pratiques d’indemnisation du chômage. La comédie va se poursuivre jusqu’au 25 novembre, où une dernière réunion plénière est censée clore la concertation prévue par la loi. Ensuite le gouvernement décidera seul par décret.
Dussopt a laissé entendre qu’il ne souhaitait pas réduire les indemnités de chômage. Le montant journalier ne baissera peut-être pas, mais la porte est ouverte à d’autres offensives envers les travailleurs privés d’emploi. Il faudra une durée de cotisation plus longue, et sur une période plus courte, avant de pouvoir prétendre à une indemnisation. Cela réduira encore le nombre de chômeurs indemnisés, alors que moins de la moitié le sont actuellement. Ensuite la durée d’indemnisation sera plus courte, les deux mesures se combinant pour réduire toujours plus ce que perçoivent réellement les chômeurs. Le brouillard n’est pas non plus levé quant à savoir si ces aggravations toucheront les nouveaux inscrits à Pôle emploi ou bien aussi les chômeurs en cours d’indemnisation.
La seule certitude est que le gouvernement veut aller vite, pour baisser d’une façon ou d’une autre les indemnités de chômage, pour permettre au patronat de continuer à peser sur les salaires, déjà diminués chaque jour par l’inflation. En s’attaquant aux chômeurs, il s’attaque à tous les travailleurs.