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Dans les entreprises
Travailleurs sans papiers : leur lutte est celle de tous
La lutte des travailleurs sans papiers de DPD Coudray-Montceaux, RSI Gennevilliers, Chronopost Alfortville se poursuit depuis un an.
Grande nouveauté, une délégation composée du représentant du collectif de Vitry et de deux délégués de RSI a été reçue le 29 septembre, à la demande d’élus PCF, par le ministre de l’intérieur Darmanin et le préfet des Hauts-de-Seine. La situation des travailleurs de RSI (entreprise d’intérim du BTP) a fait l’objet de l’essentiel de cette rencontre, au terme de laquelle le ministre a promis de faire examiner leurs dossiers, tout en faisant dire aux autres piquets (DPD et Chronopost) que c’était un « laboratoire » et qu’il leur demandait d’être patients… Depuis, la préfecture accepte enfin de recevoir les dossiers, mais cela fait près d’un an qu’ils réclament leur régularisation !
Cette entrevue avec le ministre a tout de même réjoui certains grévistes mais ils restent prudents. Le 30 août, ils avaient été reçus par le ministre du Travail Dussopt sans que cela ait changé quoi que ce soit. Quelques entrevues avaient également eu lieu dans les préfectures sans résultat.
Pour eux qui se sont échinés à travailler dans le bâtiment ou pour la Poste, ce serait pourtant la moindre des choses d’être régularisés, c’est-à-dire considérés comme des travailleurs comme les autres. Ils sont autour de 300 dans cette lutte et sont conscients qu’aujourd’hui seule leur persévérance leur permet de sortir de l’invisibilité. Ils ont participé à plus de 60 manifestations devant les préfectures, les ministères et les entreprises concernées. Pour franchir tous les obstacles et que les vagues promesses pour quelques cas se concrétisent en une régularisation pour tous sur les trois piquets, ils savent aussi que leur mouvement doit se poursuivre.
Ceci se déroule dans un contexte politique où le gouvernement, en concurrence avec l’extrême droite, fait diversion en ciblant les migrants pour pouvoir mieux porter des coups à l’ensemble des travailleurs. C’est le but du nouveau projet de loi sur l’immigration défendu par Gérald Darmanin, qui fait l’amalgame dans ses déclarations entre délinquance et immigration, tout en se disant favorable à la régularisation des « bons » travailleurs.
D’ailleurs, il y a quelques mois, les sans-papiers ont été plusieurs fois contrôlés et fouillés sur le piquet de RSI sous prétexte qu’« un téléphone portable avait disparu » ou pour vérifier s’ils n’avaient pas du cannabis sur eux. Autour du piquet d’Alfortville, ces dernières semaines, plusieurs grévistes ont été arrêtés lors de contrôles de police et ont reçu des ordres de quitter le territoire français (OQTF).
Le gouvernement tient le même double langage quand il dénonce les patrons « qui exploitent la misère humaine », tout en permettant que la Poste, dont l’État est le principal actionnaire, utilise massivement des travailleurs sans papiers dans ses filiales via toute une cascade de sous-traitants.
Rien n’est encore gagné ! Mais c’est bien leur action et leur détermination qui ont enfoncé un coin dans ce règlement absurde qui fait que des travailleurs qui n’ont pas seulement traversé la rue, mais franchi la Méditerranée et trouvé du travail, restent des parias car non régularisés et n’ayant aucun droit.