- Accueil
- Lutte ouvrière n°2828
- LU – Cestas : les profits avant l’hygiène
Dans les entreprises
LU – Cestas : les profits avant l’hygiène
Fin juin 2022, une cargaison de chocolat contaminée par la bactérie salmonelle est arrivée à l’usine LU de Cestas, en Gironde, où près de 500 travailleurs fabriquent des gâteaux Petit Écolier, Mikado, Granola, ou encore Pépito pour le groupe Mondelez.
Après que le fournisseur eut signalé le problème, la production a été arrêtée, mais l’usine était infectée. Toutes les lignes de fabrication chocolat ont donc été démontées pour être nettoyées. Fin septembre, au bout de trois mois, la plupart des lignes sont reparties. La désinfection totale de l’usine est attendue pour la mi-novembre.
Avant la contamination, il fallait produire, produire, produire : tant pis si les ouvriers signalaient des dysfonctionnements, tant pis si la crasse s’accumulait par endroits, tant pis pour les vêtements de travail qu’il fallait nettoyer chez soi si on en voulait des propres. Dans le même temps, soi-disant au nom de l’hygiène et de la sécurité, des chefs faisaient la chasse à ceux qui n’avaient pas la casquette, la charlotte ou le cache-barbe réglementaires.
Démonter des lignes de production, nettoyer chaque pièce, en remplacer certaines, remonter après avoir vérifié que tout est nickel, tout cela est complexe et ça a pris du temps. Et il faut ajouter à cela la pagaille venue de la direction : tantôt c’était « il faut prendre le temps nécessaire pour la décontamination », tantôt « il va falloir se presser pour que ça recommence à tourner au plus vite ». Il fallait alors courir après les boulons, les outils ou même les chiffons propres. Et il a fallu attendre deux mois pour pouvoir utiliser des machines à nettoyage cryogénique, très efficaces, qui dormaient dans un coin de l’usine.
Le problème, avec la salmonelle, c’est qu’on ne la voit pas. Seuls les spécialistes peuvent en mesurer la présence. Sans vérification au fur et à mesure de l’efficacité du nettoyage, c’est dans la dernière demi-heure qu’on apprenait qu’il y en avait encore et qu’il faudrait tout recommencer le lendemain.
Les travailleurs qui ont remis l’usine de Cestas en ordre de marche ne recevront pour cela aucune rémunération supplémentaire : comble du mépris, la direction leur a offert... un petit déjeuner ! Au contraire, comme tous les salariés de ce groupe riche à milliards, ils ont vu leur prime baisser en 2022 et n’ont eu que 2 % d’augmentation en 2021, après avoir fait grève, et rien en 2020. Dès l’arrêt de la production, la mission des intérimaires en contrat court n’a pas été renouvelée. Quant au reste du personnel, il a été mis en chômage partiel : la perte de salaire était compensée par l’entreprise, mais Mondelez a certainement su faire jouer les assurances.