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- Lutte ouvrière n°2827
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Leur société
Inflation ou chômage : deux façons de nous appauvrir
« Pour réduire l’inflation, il faut augmenter le chômage », a déclaré l’économiste Patrick Artus au journal Les Échos. Il formule tout haut ce que les représentants de la bourgeoisie mettent en œuvre un peu partout dans le monde.
Jerome Powell, le président de la banque fédérale américaine, la Fed, vient d’augmenter à plus de 3 % les taux d’intérêt auxquels les banques empruntent auprès de la Fed et envisage de les porter bientôt à 4,5 %. Il y a un peu plus d’un an, ces mêmes taux étaient à 0 %. En Europe, Christine Lagarde, présidente de la BCE, applique la même politique avec un temps de retard.
En relevant leurs taux d’intérêt, les banques centrales veulent réduire les crédits accordés par les banques et rendre les emprunts plus coûteux. Cela concerne les États, les entreprises et les ménages. Leur but, explicite, est de « ralentir le marché », en réduisant la demande de tous les biens, produits manufacturés ou biens immobiliers. Ils espèrent que les prix baisseront, faute d’acheteurs en nombre suffisant, les particuliers ne pouvant plus emprunter pour acheter un logement ou une voiture.
Avec des taux en hausse, les entreprises, petites, moyennes ou grosses, mais moins rentables, trouveront plus difficilement des crédits pour investir. Elles réduiront la voilure ou feront faillite. Dans tous les cas, elles supprimeront des emplois. Davantage de chômage, et de préférence des chômeurs peu ou pas indemnisés, cela obligera tous les travailleurs à accepter des salaires plus faibles, mettant les patrons en positions de force pour refuser des augmentations. C’est l’objectif réel de la politique des banquiers centraux.
Quant à la montée brutale des prix, il n’y a pas besoin de faire tourner les tables pour l’expliquer. Elle résulte d’abord et avant tout du choix de quelques capitalistes en position de monopole, dans l’énergie, le transport maritime et d’autres secteurs, d’organiser la pénurie pour faire monter les prix et engranger des surprofits. À ces choix malthusiens, s’ajoute le chaos d’une économie mondialisée sans planification, où tout aléa, Covid, blocage du canal de Suez, guerre en Ukraine, peut désorganiser la production et le transport.
Tels les médecins charlatans mis en scène par Molière, les « experts » du 21e siècle, totalement démunis pour soigner et réguler l’économie capitaliste à l’agonie, mais dévoués à leurs maîtres, ne connaissent que deux remèdes : la purge et la saignée. Et c’est toujours aux classes populaires qu’ils les infligent.