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Grande-Bretagne : un samedi de grèves et de protestations
Samedi 1er octobre, la journée de grève contre les bas salaires a été la plus suivie de l’année au Royaume-Uni. Des milliers de manifestants ont participé à des rassemblements organisés dans une cinquantaine de villes pour protester contre la chute du pouvoir d’achat.
Ce jour-là, 170 000 travailleurs environ ont fait grève. Dans le rail, pour la première fois, l’appel réunissait l’ensemble des syndicats de cheminots et a entraîné la paralysie de 90 % du trafic. Le mouvement a également touché les postiers de Royal Mail et les dockers des ports de Felixstowe et Liverpool et, sur certains piquets de grève, travailleurs des transports et du courrier se sont rejoints.
Le 1er octobre avait aussi été retenu pour des protestations publiques contre la vie chère, car à cette date les tarifs de l’énergie devaient encore augmenter. Même si Truss a annoncé un plafonnement du prix de l’énergie, des rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes d’Angleterre.
Les raisons de battre le pavé ne manquent pas. Alors que viennent d’avoir lieu les funérailles royales les plus chères de l’histoire, et que les entreprises du FTSE 100 (le CAC 40 britannique) s’apprêtent à verser 80 milliards de livres à leurs actionnaires pour 2022, les familles populaires tirent le diable par la queue comme jamais depuis les années 1970. Pensions et allocations devraient être revalorisées d’ici à la fin de l’année, mais loin de l’inflation réelle. Pour toucher l’aide de type RSA baptisée crédit universel, il faudra bientôt travailler 15 heures par semaine au lieu de 12.
Le 1er octobre à Londres, sur le parvis de la gare de King’s Cross, près de 5 000 personnes étaient présentes au rendez-vous. Mick Lynch, le secrétaire du syndicat des transports RMT, y a notamment déclaré : « Nous sommes les travailleurs et nous refusons de nous laisser diviser. […] Nous sommes la classe ouvrière et nous sommes de retour. » Des paroles très applaudies, et qui expriment le sentiment de bien des exploités aujourd’hui, révoltés par les cadeaux aux riches et encouragés par le sursaut en cours.
On sait que la journée du 1er octobre sera suivie bientôt par d’autres manifestations et grèves : de nouveau chez les postiers et, pour la première fois cette année, chez les enseignants et les fonctionnaires. Mais pour quelles perspectives ? Des pétitions, même signées par un million de personnes (« Don’t Pay » n’en regroupe pour l’instant que 200 000), ne feront pas reculer les géants de l’énergie. Quant aux dirigeants syndicaux qui ont jusqu’à présent orchestré les mobilisations, c’est dans les prochaines élections parlementaires, prévues en 2024 voire 2025, qu’ils invitent les travailleurs à placer leurs espoirs.
Pour que l’élan actuel ne retombe pas, pour qu’il ne soit pas fragmenté par les bureaucrates syndicaux ni dévoyé par les politiciens travaillistes, les travailleurs n’ont pas d’alternative : il leur faudra généraliser leurs luttes autour d’objectifs qui remettent en cause, au-delà des gouvernants, le pouvoir des capitalistes eux-mêmes.