- Accueil
- Lutte ouvrière n°2827
- Affaire Kohler : les liens discrets des hommes du président
Leur société
Affaire Kohler : les liens discrets des hommes du président
Le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, a de nouveau été mis en examen le 23 septembre pour suspicion de conflit d’intérêt. A-t-il usé de ses responsabilités pour favoriser les propriétaires de l’entreprise MSC (Mediterranean Shipping Company), cousins de sa mère ?
Une première plainte avait été déposée en juin 2018, accusant Kohler d’avoir dissimulé ses liens avec cette compagnie alors qu’il représentait l’État au conseil de surveillance du port du Havre, plainte classée sans suite un an plus tard par le Parquet national financier (PNF). Un élément nouveau divulgué par le site Mediapart est apparu à cette occasion : il s’agit d’une lettre soutenant son protégé, que Macron avait envoyée à ce même PNF quelques jours avant que le PNF ne classe l’affaire.
Les liens privilégiés de responsables gouvernementaux avec telle ou telle entreprise ne sont pas l’exception, mais la règle, plus particulièrement dans l’entourage de Macron, qui s’est vanté du choix d’hommes et de femmes de terrain comme ministres, justement parce qu’ils avaient une bonne connaissance du monde de l’entreprise. À commencer par Élisabeth Borne, directrice générale des concessions d’Eiffage de 2007 à 2008. En 2014, alors qu’elle était numéro 2 dans le cabinet de Ségolène Royal, les entreprises autoroutières avaient obtenu le prolongement pendant six ans de leurs concessions. Et même si, à la différence de Kohler, on ne peut les accuser de conflit d’intérêt, d’autres ministres ne se cachent pas de leurs liens avec des entreprises. Celle des Sports, Amélie Oudéa-Castera, outre son palmarès en tant que joueuse de tennis, a eu un poste de direction chez AXA, puis chez Carrefour, tandis que son mari, Frédéric Oudéa, était juqu’à récemment PDG de la Société générale. Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, a eu des postes dirigeants chez Natixis et Groupama. Quant à Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, il a été le fondateur et directeur général de Watt&Home, entreprise centrée sur l’énergie renouvelable et les produits solaires.
Ce ne sont que quelques exemples et l’on pourrait poursuivre la liste, même si cette situation n’est pas une spécialité du gouvernement Macron. Celui-ci d’ailleurs n’a pas voulu se désolidariser de son secrétaire général, sans quoi il aurait dû le faire pour nombre de ses ministres, si opportunément choisis.