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- Lutte ouvrière n°2823
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Dans le monde
Grande-Bretagne : “Don’t Pay”, “Enough is enough” (Ne payez pas, Trop c’est trop)
Face à la hausse délirante des tarifs de l’énergie domestique, deux campagnes sont apparues il y a peu : « Don’t pay » et « Enough is enough ».
La première propose de refuser les prélèvements automatiques à partir du 1er octobre. Cette pétition, lancée par des anonymes, a recueilli plus de 157 000 signatures.
Ce résultat est important mais encore loin du million espéré. Rien ne dit, par ailleurs, que les signataires iront réellement jusqu’au refus de payer, avec les risques de coupures que cela implique. Enfin, les consommateurs les plus pauvres ne payent pas par prélèvement mais en fonction de leurs besoins immédiats en mettant des pièces ou une carte prépayée dans leur compteur. Ils ne peuvent donc participer à cette forme d’action… si ce n’est en cessant de se chauffer.
Quant à la seconde campagne, elle est menée par des dirigeants syndicaux et soutenue par des travaillistes de gauche. Ses cinq revendications sont la hausse des salaires, la baisse des factures d’énergie, la fin de la pauvreté alimentaire, des logements décents, des impôts sur les grandes fortunes. Elles ont été approuvées par plus de 500 000 signataires. La pétition n’invite pas à refuser de payer les factures mais prend la forme d’une série de meetings dans les plus grandes villes du pays, dont certains ont déjà rassemblé des centaines de personnes. Une journée d’action nationale est prévue samedi 1er octobre.
Le besoin de se rassembler pour protester en masse contre la hausse vertigineuse des prix est légitime. Il l’est d’autant plus que, même lors des journées de grève les mieux suivies, les chefs syndicaux n’ont pas invité les grévistes à se retrouver pour aller manifester ensemble, ni même à se rendre visite entre piquets. Mais Enough is enough est aussi, pour la gauche réformiste, une façon de tourner le dos au terrain des entreprises et de faire diversion, avec en ligne de mire rien d’autre qu’une possible victoire électorale du Labour Party en 2024 ou 2025.
« La classe ouvrière est de retour », a déclaré Mick Lynch, le cheminot porte-parole du syndicat RMT, et cela rencontre de l’écho chez bien des travailleurs. Mais elle ne pourra faire plein usage de sa force retrouvée que si les travailleurs contestent la direction de leurs luttes aux bureaucrates qui les atomisent ou les mènent vers des voies de garage.