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Dans les entreprises
Courrier des lecteurs À Fast Despatch, mobilisés pour se faire payer
Début août, la direction française de Fast Despatch, sous-traitant d’Amazon pour la livraison au « dernier kilomètre », annonçait brutalement la fin de toutes ses activités en France avant de disparaître, laissant 1 700 travailleurs sur le carreau, sans salaire, sans indemnités et dans l’inquiétude même de ne pouvoir faire valoir leurs droits faute d’une procédure de liquidation judiciaire.
Avant ce dernier sale coup, des grèves avaient eu lieu en juin sur plusieurs sites pour revendiquer des primes, le paiement des salaires ou des heures supplémentaires et dénoncer l’utilisation de véhicules dans un état lamentable.
Depuis cette annonce du 9 août, de nombreux livreurs se sont rassemblés devant des sites Amazon dans lesquels ils travaillaient (Cergy, Noisy-le-Grand, Le Blanc-Mesnil, Nantes, Strasbourg, Marseille, etc.). D’autant que, en grattant un peu, les livreurs ont appris que la cessation d’activité correspondait exactement à la décision d’Amazon de mettre fin au contrat avec cette entreprise en France. L’un de ces livreurs, de Nantes, nous a écrit. Il témoigne de leur mobilisation pour se faire respecter en visant directement le donneur d’ordres : Amazon.
« Je suis travailleur pour la société Fast Despatch, sous-traitant numéro 1 d’Amazon en France et à l’international. Avec la disparition de tous les responsables en France, nous nous sommes retrouvés sans rien, sans salaire, sans nouvelles.
Notre seul moyen de pression pour nous faire entendre, c’est Amazon, car Amazon continue de collaborer à l’international avec Fast Despatch. Avec les chauffeurs livreurs de France, nous avons donc initié un mouvement national dans les centres de tri Amazon pour le versement de nos salaires. À Nantes, nous sommes 85 et nous avons décidé de venir bloquer les deux entrées principales du site Amazon de l’agglomération, à Carquefou, dès 8 heures le mardi 16 août.
Le premier jour de blocage, nous avions pensé à lever le camp en fin de journée mais, après nous être concertés nous avons décidé de bloquer 24 heures sur 24. Nous avons décidé de réclamer le paiement des mois de juillet et août et des preuves du déclenchement d’une procédure de liquidation judiciaire.
Mettre la pression sur Amazon a payé puisque le salaire dû par Fast Despatch pour juillet est tombé… le 19 août. Première victoire ! Pour les salaires d’août, Amazon nous a dit que ce ne serait pas possible. Mais nous avons persisté et leur avons bien dit que si eux ou Fast Despatch ne payaient pas, nous resterions présents.
Et avec l’arrivée du responsable Amazon France sur le site de Carquefou, nous avons bien vu que la situation devenait pénible pour eux. Ils ont essayé de nous faire bouger, en négociant des sorties de camions pour livrer les 8 000 colis restés bloqués dans le dépôt, mais en vain. Des clients aussi se sont plaints, mais nous n’avons pas cédé.
Amazon essaie de se dédouaner alors qu’ils ont une grande responsabilité et qu’ils ont fermé les yeux sur plein de manquements de Fast Despatch. Licences de transport absentes, état pitoyable des camions avec des freins qui ne fonctionnent pas et des pneus sur la ficelle, mensonges forcés concernant le bon état du véhicule sur les applications de contrôle alors que ce sont des cercueils roulants… C’est honteux !
À la porte d’Amazon, nous échangeons avec d’autres chauffeurs livreurs sous-traitants. Ils nous comprennent et nous disent qu’ils auraient fait la même chose à notre place. Les jours passent, parfois nous fatiguons, le roulement est compliqué à tenir, mais nous tenons, nous sommes là et toujours motivés !
Mardi 30 août, notre acharnement paye. Nous avons touché le salaire d’août ! C’est un soulagement pour tout le monde. Après deux semaines de lutte intense, nous avons gagné ce que nous étions venus chercher, et ça fait réellement plaisir. Alors, soyons fiers de nous battre et espérons que ce sera contagieux ! »