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Brésil : début de la mascarade électorale
Comme de coutume, Bolsonaro s’est montré agressif. « Votre gouvernement a été le plus corrompu de l’histoire du Brésil », a-t-il lancé à Lula, le traitant de « repris de justice » et refusant de « serrer la main d’un voleur ». Malgré les dénégations de Lula, tous savent que les gouvernements du Parti des travailleurs (PT), de 2003 à 2016, ont pratiqué en grand l’achat des votes de députés grâce aux surfacturations de grandes entreprises publiques et privées. Ces scandales ont d’ailleurs conduit à la destitution de la présidente Dilma Rousseff en 2016 et à l’emprisonnement de Lula pendant un an et demi.
Lula a contre-attaqué en vantant le bilan de ses années de présidence : création de 20 millions d’emplois, forte progression du salaire minimum, programmes d’assistance aux plus pauvres, défense de la forêt amazonienne. Selon lui, Bolsonaro est en train de détruire le pays. Les années Lula ont effectivement coïncidé avec une période de prospérité, due en particulier aux prix élevés des matières premières minières et agricoles dont le Brésil est un gros fournisseur.
Le débat a aussi évoqué la responsabilité de Bolsonaro dans les 680 000 morts du Covid, dont il n’a cessé de nier la gravité, combattant toute mesure de protection. Le candidat du PDT, Ciro Gomes, qui a été ministre de Lula et a réuni 12,5 % des votes en 2018, a dénoncé la faim qui frapperait 30 millions de Brésiliens, et le machisme du président, qui s’est encore manifesté vis-à-vis d’une journaliste qui l’interrogeait.
Depuis des mois, Bolsonaro menace de ne pas accepter le résultat du vote du 2 octobre prochain, dénonçant à l’avance des fraudes. Donné perdant, avec 32 % d’intentions de votes contre 47 % en faveur de Lula, il laisse souvent entendre qu’il pourrait mener un coup d’Etat, à la manière de l’attaque du Capitole de Washington par les partisans de Trump le 6 janvier 2021. Il voudrait faire de la fête nationale du 7 septembre une revue générale de ses troupes.
Bolsonaro dispose d’une base solide d’électeurs : évangélistes, anticommunistes, policiers racistes, petits bourgeois réactionnaires. Ex-capitaine, il veut faire croire qu’il a l’armée derrière lui, flatte les généraux et leur donne des postes lucratifs. Cherchant à gagner le vote des plus pauvres, il a mis en œuvre un programme, Aide Brésil, de distribution à 20 millions de personnes, d’une allocation passée en quatre mois de 230 à 600 reais (une centaine d’euros).
Mais toute une partie des milieux qui ont l’ont soutenu en 2018 se prononcent maintenant contre lui. Nombre d’élus de droite l’abandonnent, car il n’est plus le bon cheval sur qui miser. Le patronat lui tourne le dos, en particulier la Fédération des industries de l’Etat de Sao Paulo, l’équivalent brésilien du Medef, et la Fédération brésilienne des banques.
Lula vante le bilan social de ses précédents mandats mais il a choisi comme vice-président Geraldo Alkmin, deux fois gouverneur de l’Etat de Sao Paulo, ancien président du PSDB, le principal parti de droite, qu’il avait battu au second tour de 2006. Cela lui assure au moins la neutralité d’une bonne partie de la droite. Et surtout cela annonce que s’il revenait au pouvoir, il mènerait une politique favorable à la bourgeoisie.
Les travailleurs doivent défendre leur vie, leur dignité, leurs salaires et leurs retraites, leur pouvoir d’achat, et finalement leur droit à diriger cette société qui ne fonctionne que grâce à eux. L’élection de Lula ne leur donnera rien de cela.