Trafic transmanche : quand les frontières créent le chaos03/08/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/08/2818.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Trafic transmanche : quand les frontières créent le chaos

Les échanges commerciaux entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne se font à 70 % via le trafic transmanche, tunnel et ferries, depuis les villes de Calais et Dunkerque. Une activité très lucrative pour les patrons du secteur.

Les résultats financiers pour le 1ersemestre 2022 de Getlink, la société qui exploite le tunnel sous la Manche, le montrent : 52 millions d’euros de bénéfices, un chiffre en nette hausse par rapport à l’an dernier. Les compagnies de ferries comme P&O, DFDS ou Irish Ferries ont enregistré des profits colossaux, y compris pendant la crise sanitaire, alors que le trafic était au ralenti.

Ces énormes profits, les travailleurs n’en ont jamais vu la couleur. Au contraire, ils ont été réalisés en aggravant les conditions d’exploitation, que ce soit celles des marins qui travaillent sur les ferries, des ouvriers qui effectuent la maintenance des navettes pour le tunnel, ou de ceux qui les conduisent. Rien que pour le tunnel, le nombre de véhicules de tourisme a augmenté de 247 % en un an, et le nombre de camions de 19 %. Cela, sans embauche significative, et donc avec une augmentation de la charge de travail. En mars 2022, 800 marins britanniques de la compagnie P&O ont été licenciés brutalement. La direction a pu réduire les salaires en les remplaçant par des intérimaires originaires de pays où les contrats sont beaucoup plus avantageux pour les patrons.

En plus de ces attaques patronales, les travailleurs subissent les conséquences du renforcement des contrôles aux frontières. Le moindre incident bloque la circulation et provoque des embouteillages monstrueux : cela peut être un problème technique dans le tunnel, un ferry à l’arrêt, les restrictions sanitaires dues au Covid… ou les départs en vacances des touristes britanniques.

Pendant le week-end du 24 juillet, le contrôle des passeports de milliers de vacanciers, qui a été réinstauré avec le Brexit, a causé le chaos dans le port anglais de Douvres. Des milliers de touristes et de chauffeurs routiers ont dû attendre pendant des heures pour accéder aux ferries. Des routiers se sont retrouvés bloqués sur les routes ou les aires de stockage, sans accès ni à des toilettes ni à des douches. Certains, qui devaient rentrer chez eux le vendredi soir, n’y sont parvenus qu’un ou deux jours plus tard. Plusieurs ont témoigné du stress permanent lorsqu’ils font ce trajet. Contrairement à ce que prétendent bien des politiciens, la réinstauration des frontières n’est pas dans l’intérêt des travailleurs, et ce sont même eux qui en payent le prix fort.

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