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Dans le monde
Moyen-Orient : rencontre entre assassins
Pendant que Macron accueillait à Paris le président des Émirats arabes unis, Joe Biden était reçu en Arabie saoudite par Mohamed ben Salman, dit MBS, le prince héritier au pouvoir.
La tournée d’un président des États-Unis au Moyen-Orient n’a certes rien d’extraordinaire. Après une escale obligée en Israël, Biden a participé à un sommet réunissant les dirigeants de six pays du Golfe et ceux de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Irak. Comme ses prédécesseurs, Biden venait tester l’allégeance des dirigeants de la région à la première puissance impérialiste. Alors que les États-Unis sont, de fait, en guerre contre la Russie, Biden est venu vérifier que ses alliés gardent leurs distances avec les partenaires de Poutine au Moyen-Orient mais aussi avec la Chine, autre pays jugé trop indépendant de l’impérialisme. Il l’a formulé explicitement : « mon pays ne se détournera pas du Moyen-Orient en laissant un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l’Iran. »
Pour essayer de contenir l’envolée du prix du pétrole provoquée par l’embargo contre le pétrole russe, Biden cherchait à obtenir un relèvement de la production saoudienne. En fait, celle-ci semble limitée par la vétusté des installations. Mais si la visite de Biden en Arabie-Saoudite a été si commentée, c’est parce qu’il a mis en scène sa réconciliation avec MBS, après quatre ans de mise à l’index. MBS est en effet le commanditaire de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, étranglé puis dépecé par les sbires du régime au sein même de l’ambassade saoudienne en Turquie.
Le régime saoudien exécute chaque année des dizaines de prisonniers politiques mais aussi des mineurs. Il mène au Yémen, pour le compte des grandes puissances, une guerre qui a fait plus de 400 000 morts. Il prive les femmes de la plupart de leurs droits élémentaires. Rien de cela n’émeut le président des États-Unis. Mais la barbarie de l’assassinat de ce journaliste et le cynisme de MBS avaient choqué dans le monde entier, obligeant l’administration américaine à prendre quelques distances.
La mise en quarantaine n’aura pas duré longtemps. Biden, Macron et les autres dirigeants occidentaux interviennent militairement partout dans le monde « au nom de la démocratie ». Ils envahissent et détruisent des pays entiers pour faire tomber les régimes plus assez dociles baptisés « dictatures ». Mais, toute honte bue, ils fréquentent, reçoivent, embrassent et surtout arment les dictateurs les plus sanguinaires... tant qu’ils les servent.