Renault – Le Mans : coup de colère12/07/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/07/2815.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault – Le Mans : coup de colère

À l’usine Renault du Mans, des débrayages sur les salaires ont eu lieu mardi 5 et jeudi 7 juillet.

Ils ont réuni près de 200 travailleurs le mardi et 300 le jeudi. Fait nouveau, à chaque fois, près d’un tiers des grévistes étaient des intérimaires.

Après une année entière au ralenti et l’utilisation à outrance du chômage partiel subventionné par l’État, la direction a annoncé fin juin un changement de cap à 180°. Du jour au lendemain, l’activité repartait et tous les travailleurs devaient être sur le pont : activité à fond en juillet, samedis et même 14 juillet travaillés « au volontariat »... comme Renault sait le pratiquer. Reprise des équipes du samedi-dimanche, supprimées quelques semaines auparavant… Pour cela la direction annonçait, à grand renfort de presse locale, recruter 58 personnes en CDI et 200 intérimaires. Elle a même organisé un job dating : du grand cinéma.

La direction a appelé ce nouveau virage le plan « Boost », mais s’il y a quelque chose qui ne booste pas, ce sont les salaires. La direction n’avait proposé que 1,2 % d’augmentation générale pour l’année et, vu l’inflation, on est très loin du compte.

Mais surtout, la goutte d’eau a été le dernier « accord » imposé au niveau du groupe Renault, qui prévoit de ne plus payer 20 minutes de pause aux intérimaires et aux nouveaux embauchés. Cela leur fait 80 euros en moins sur la paye, et c’est ça qui ne passe pas. La direction pousse même la provocation jusqu’à proposer une prime pour chaque samedi travaillé, de 10 euros brut !

Le mécontentement est fort chez les intérimaires, d’autant que ceux-ci ont conscience que, sans eux, la production est impossible. Il fut un temps où chacun s’inquiétait de voir son contrat renouvelé, maintenant c’est plus la volonté de partir qui prime. Et lors d’un show devant tout un atelier, le directeur s’est fait interpeler par une intérimaire qui dénonçait la perte des 80 euros, et elle a été applaudie par la salle.

Sous la pression de ce mécontentement, la CGT a appelé à un débrayage de 59 minutes minimum mardi 5 et jeudi 7. Les débrayages suivis pour un tiers par des intérimaires étaient dynamiques et les grévistes ont fait le tour des ateliers. Le jeudi le nombre de grévistes était encore plus important, atteignant 300 sur l’équipe du matin, du soir et de nuit. La direction doit s’inquiéter de voir le mécontentement faire contagion chez les intérimaires, et déjà des chefs promettent à quelques-uns de renouveler leur contrat en maintenant les 80 euros. Mais il n’est pas dit que ça suffise à éteindre la colère.

Mardi 12, près de 200 personnes se sont encore retrouvées devant la porte au changement d’équipe, CDI et intérimaires ensemble, et ont décidé de redébrayer la semaine suivante.

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