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Dans le monde
Sénégal : pénurie et flambée des prix
La crainte d’une explosion de colère face à la flambée des prix inquiète les dirigeants africains, comme le montrent nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI) dans le numéro du 19 juin de leur journal Le pouvoir aux travailleurs.
« Quelques semaines avant le premier tour des prochaines élections législatives prévu pour le 31 juillet prochain, le Conseil constitutionnel a invalidé la liste conduite par Ousmane Sonko, chef de file de l’opposition au Sénégal. Cela a déclenché une série de manifestations, notamment à Dakar et à Ziguinchor (ville dont Ousmane Sonko est maire). Le 17 juin, les manifestants ont été brutalement réprimés par les forces de l’ordre : deux morts à Ziguinchor, un à Dakar, de nombreux blessés, plusieurs militants de l’opposition arrêtés. Ousmane Sonko a appelé à une nouvelle grande manifestation, « avec ou sans autorisation », le 29 juin (…).
La flambée des prix des denrées alimentaires frappait déjà les populations bien avant que la guerre n’éclate en Ukraine, lors de la crise du Covid par exemple. Et, même en dehors des périodes de flambée des prix, le chômage et les bas salaires ne permettaient déjà plus depuis des années aux familles des classes populaires de se nourrir et de se loger décemment. Aujourd’hui, la situation est catastrophique et empire de jour en jour. La moindre pénurie de carburant ou la moindre augmentation de son prix se traduit par une cascade de hausses de prix des produits de base. Tout augmente sauf les salaires !
C’est la crainte des explosions de colère qui a poussé Macky Sall, actuel président de l’Union Africaine, à négocier auprès de Poutine, au nom de ses collègues africains, pour trouver le moyen de libérer l’exportation du blé ukrainien par voie maritime. À son retour de Russie, il s’est dit « optimiste ». Son ministre des Finances et du Budget a déclaré qu’ « il n’y aura pas de pénurie de pain, encore mois d’augmentation du prix » au Sénégal. Mais pour combien de temps ?
Quelques jours après, c’est la pénurie de carburant qui a provoqué une série de hausses, à commencer par le prix du transport urbain à Dakar. Les transporteurs se sont arrangés entre eux pour que le trajet d’un point à un autre soit décomposé en plusieurs tranches. Cela s’est traduit par le triplement du prix sur certains trajets !
Cette pénurie de carburant a aussi frappé durement des milliers de petits pêcheurs car ils ne peuvent pas aller en mer sans ce combustible. De plus, la raréfaction des poissons, causée par le pillage des côtes sénégalaises par des bateaux de pêche appartenant à de grandes sociétés capitalistes, oblige les petits pêcheurs locaux à aller de plus en plus loin des côtes avec leurs pirogues.
Au Sénégal comme dans les autres pays, les dirigeants au pouvoir se cachent derrière la guerre en Ukraine pour masquer leurs propres responsabilités dans la situation dramatique que vivent les populations pauvres. La misère ne date pas d’aujourd’hui, c’est le résultat du pillage et de l’exploitation capitaliste sur une longue période. Toute l’économie des pays africains a été orientée pour satisfaire les besoins des grands trusts de la mine, de l’agrobusiness, du bois, de la pêche, etc. Les paysans, qui pratiquaient auparavant l’agriculture de subsistance pour satisfaire leurs propres besoins alimentaires, ont été transformés en ouvriers agricoles dans les plantations de cacao, de café, d’hévéas, d’arachide, de coton, de palmiers à huile et autres produits d’exportation. Avec leurs maigres revenus ils ne pouvaient plus faire vivre leurs familles. Des millions d’entre eux ont dû quitter leurs villages pour s’installer dans les villes. Mais la situation n’y est guère meilleure, c’est le chômage pour les uns et des salaires de misère pour les autres.
Les dirigeants africains ont profité de cette situation et se sont enrichis des miettes que leur a laissées l’impérialisme en échange de leur rôle de gardiens locaux des intérêts de la grande bourgeoise des puissances capitalistes. Et pendant que cette classe parasite locale des pays africains vit dans le luxe et l’opulence, l’écrasante majorité s’enfonce dans la misère. »