- Accueil
- Lutte ouvrière n°2813
- Paris Saint-Lazare : à la traction, c’est la galère
Dans les entreprises
Paris Saint-Lazare : à la traction, c’est la galère
Les 23 et 24 juin, une grève des conducteurs de trains, des gestionnaires de moyens et des contrôleurs du secteur de Paris-Saint-Lazare a fortement perturbé le trafic du transilien, du RER A et des lignes normandes.
C’était la suite d’un mouvement entamé le 13 juin par les conducteurs de la banlieue, qui n’en peuvent plus de la dégradation de leurs conditions de travail.
Depuis un peu plus de deux ans, les attaques s’enchaînent. Elles sont le fait d’une politique globale de la direction de la SNCF, mais mises en œuvre par une direction locale particulièrement arrogante, ne ratant pas une occasion d’afficher son mépris. Depuis des mois, elle teste sur la banlieue Saint-Lazare un nouveau logiciel, Orion, acheté plusieurs millions d’euros, qui doit servir à supprimer des postes d’agents de commande (gestionnaires de moyens, « GM »), mais aussi à gagner en productivité sur les journées de service et à flexibiliser la commande. Couplé au volume très important de travaux de modernisation du réseau sur la région, en vue du RER EOLE et des JO 2024, son utilisation entraîne des modifications de commandes en permanence, des prises et fins de service qui ne cessent de bouger, parfois la veille pour le lendemain.
En plus de la galère pour organiser sa vie personnelle, ces modifications entraînent souvent des baisses de rémunération. En effet, le salaire d’un conducteur de train est constitué pour environ un tiers de primes en grande partie liées aux kilomètres parcourus, et la perte peut être importante. La perte des heures de nuit fait aussi diminuer sensiblement la paye.
La direction locale ajoute à cela un projet qui voudrait, entre autres, pouvoir imposer aux conducteurs de prendre leurs vacances d’été quand elle le souhaite entre mai et fin octobre (contre fin mai/début juin à fin septembre actuellement) : la coupe est pleine !
Le 13 juin, 80 grévistes s’étaient retrouvés en assemblée générale et avaient voté la poursuite de la grève pour les 23 et 24 juin. Le mouvement n’a pas faibli et c’est avec un nombre de grévistes toujours aussi important qu’il s’est poursuivi ces jours-là. Jeudi 23, une quarantaine de grévistes ont envahi la réunion du CSE pour exprimer leur colère et exposer leurs revendications à la direction régionale. Celle-ci s’est montrée tantôt mielleuse, tantôt méprisante, et n’est pas parvenue à convaincre les grévistes.
Le 24, ceux-ci ont été rejoints dans le mouvement par les conducteurs et contrôleurs de la Grande Ligne, et ont tenu une assemblée commune à une soixantaine de conducteurs, contrôleurs et GM. Le même jour, la grève était également très suivie sur Paris-Nord et Paris Sud-Est, pour des revendications similaires. Farandou, le président de la SNCF, a même été obligé de s’exprimer sur le sujet dans la presse.
Les grévistes ont voté la reconduction du mouvement à partir du 6 juillet, jour d’une grève nationale pour revendiquer des augmentations de salaires à la SNCF. La direction locale devait faire des annonces dans la semaine. Pas sûr du tout qu’elle parvienne à calmer le mouvement.