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Espagne : victoire de la droite en Andalousie
Avec plus de 43 % des suffrages, soit deux fois plus qu’aux élections précédentes, le Parti populaire (PP) a obtenu dimanche 19 juin la majorité absolue au parlement régional d’Andalousie, après trente-sept ans de pouvoir socialiste qui ont dégoûté les électeurs de gauche et les classes populaires.
Région la plus peuplée d’Espagne, l’Andalousie est aussi l’une des plus pauvres. Le Parti socialiste ouvrier espagnol, le PSOE, y a gouverné sans interruption depuis la fin du franquisme et jusqu’en 2019. Aujourd’hui, il y réalise le pire score de son histoire. Le PP, grand parti de la droite traditionnelle, a progressé partout et a complètement avalé l’électorat centriste. Le parti d’extrême droite Vox augmente aussi, passant de douze à quatorze élus. C’est donc une débâcle non seulement pour le PSOE mais pour toute la gauche qui, prise ensemble, n’a même pas la moitié des élus du PP et de Vox réunis.
À l’aggravation des conditions de vie des classes populaires, au chômage qui touche officiellement 20 % de la population de la région, à la dégradation continue des services publics se sont ajoutés depuis une douzaine d’années plusieurs scandales de corruption touchant notamment le PSOE et les centrales syndicales. Mais surtout, au-delà de la région, le mécontentement vise le gouvernement espagnol, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez en coalition avec le Parti communiste et Podemos. Beaucoup en Andalousie ont gardé en travers de la gorge la répression de la grève des métallos de Cadix, à l’automne dernier, où le gouvernement « le plus progressiste de l’histoire », comme il aime à se présenter, n’avait pas hésité à envoyer un blindé de la police contre les grévistes. La candidate de Vox a pu jeter cet épisode à la face de la gauche dans un débat télévisé, pour se présenter comme la seule vraie amie des travailleurs.
En agitant la menace de l’extrême droite, que sa propre politique a contribué à alimenter par des promesses électorales non tenues et des mesures antiouvrières, la gauche a permis au PP de se présenter comme modéré, alors que ce parti compte lui-même bon nombre de nostalgiques de la dictature. Pourtant, elle ose encore affirmer qu’un objectif est atteint puisque Vox n’a gagné que deux élus et n’entrera pas à l’exécutif régional ! De fait, le PP n’aura certes plus besoin de l’appui de Vox pour mettre en place sa politique de casse sociale, de subventions au patronat, de privatisation. Avec de pareilles « victoires » des classes populaires, on se demande ce que serait une défaite.
Les travailleurs n’ont pas à pleurer sur le sort de la gauche parlementaire ; le plus grave est que celle-ci, avant de dégringoler, a fait un sale travail, en démobilisant, en déboussolant et en démoralisant la classe ouvrière.