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Économie mondiale : quand les dirigeants prédisent le pire
L’inflation, la hausse générale des prix, commencée avant même la guerre en Ukraine, se répand à travers le monde, avec des conséquences en cascade.
Cela provoque des soubresauts des Bourses et fait craindre ce que les financiers appellent « Bear Market », un phénomène de baisse incontrôlable des cours boursiers des actions dans lesquelles des milliers de milliards d’euros sont aujourd’hui investis.
Cette hausse continue des prix a une autre conséquence, ô combien plus dramatique, l’appauvrissement brutal des populations, bien plus insupportable, dès maintenant, dans des pays dits émergents ou pauvres.
Le 7 juin 2022, la Banque mondiale, un organisme financier officiel du monde capitaliste, publiait une note au titre suivant : « Le risque de stagflation augmente dans un contexte de net ralentissement de la croissance ». La stagflation est définie comme « la situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation » et se caractérise par une très forte hausse du chômage...et l’appauvrissement des classes populaires.
Ce rapport alarmiste corrige à la baisse les prévisions de taux de croissance de l’économie mondiale. Établie à 5,7 % en 2021, elle devrait tomber à 2,9 % en 2022, soit une baisse de moitié. Ce ralentissement selon la Banque mondiale devrait perdurer en 2023 et 2024. Voici ce que déclare son président David Malpass : « Pour bien des pays il sera difficile d’échapper à la récession. Les marchés regardent vers l’avenir, il est donc urgent d’encourager la production et d’éviter les restrictions commerciales. Des changements dans les politiques budgétaires, monétaires, climatiques et d’endettement sont nécessaires pour remédier à l’affectation inappropriée des capitaux et aux inégalités ».
Et Ayhan Kose, directeur du département Perspectives de la même Banque mondiale, de proposer aux pays les plus touchés de trouver des politiques afin « d’atténuer les effets de la conjugaison des crises actuelles sur leurs populations les plus pauvres ». Mais les pays pauvres, plus encore que tous les autres, sont victimes de la course au profit immédiat de l’ensemble des géants capitalistes, qu’aucun dirigeant, fût-il de la Banque mondiale, n’est en mesure de réguler.
Alors qu’en Europe, l’inflation moyenne atteint déjà 8,1 % (8,6 %aux États Unis), le directeur de la Banque centrale des Pays Bas, Klaas Knot, partageant les inquiétudes de la BCE, la banque centrale européenne, sur une augmentation durable de l’inflation et l’incapacité d’y faire face des dirigeants des banques centrales, s’est dit particulièrement inquiet.
Les dirigeants du monde capitaliste, financiers compris, sont conscients de la situation : leur monde danse sur un volcan qu’ils sont incapables de maîtriser. Les appels à « prévenir et s’occuper de la situation des plus pauvres » viennent de leur peur des bouleversements sociaux que cette situation de crise pourrait engendrer. Reste aux travailleurs, aux classes pauvres, à s’armer eux aussi de cette conscience.