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Dans les entreprises
Canicule : trop chaud pour travailler
Les températures caniculaires de la mi-juin ont soumis près des trois quarts de la population du pays, en particulier dans le Sud-Ouest, à des conditions difficiles. Au travail, la pénibilité était maximum dans certains secteurs.
Pendant que les élèves des douze départements placés en alerte rouge étaient dispensés de se rendre à l’école le 17 juin, les consignes données aux entreprises étaient purement symboliques. Pour la population en général, la Première ministre avait appelé à la vigilance et réitéré sur Twitter ses précieux conseils : « Hydratez-vous, restez au frais, donnez et prenez des nouvelles de vos proches. » Le ministère de la Santé, lui, avait activé un numéro gratuit. Mais sur les chantiers, dans les entreprises, tout restait à l’appréciation de l’employeur.
Autant la pluie ou le gel entraînent la possibilité de mettre les salariés en intempéries, autant il n’existe pas dans le Code du travail de température maximale pour avoir une activité salariée. Tout au plus, dans le BTP, les limites de 30° sous abri en journée et 25° la nuit entraînent-elles des préconisations de sécurité faites aux employeurs par les organismes patronaux, mais « aucun cadre légal ne les contraint », comme le reconnaît par exemple la Fédération française du bâtiment de Bourgogne.
Alors que les chiffres officiels recensaient en 2020 douze décès pour cause de forte chaleur dans le BTP, les patrons continuent de faire travailler sur les toits les couvreurs et les étancheurs, les ouvriers qui posent sur la voie publique les enrobés ou le bitume, chauffé à 180°, avec de rares aménagements comme le droit de commencer plus tôt la journée, et l’obligation de leur fournir trois litres d’eau.
Si la plupart des grutiers ou des conducteurs de pelle peuvent maintenant bénéficier de cabines climatisées, il est loin d’en être de même dans les usines. Chez NavalGroup, en Charente, des travailleurs ont été « autorisés » à embaucher à 5 heures du matin, donc à se lever en pleine nuit, pour faire leurs sept heures trente normales. La réduction de la durée du travail, la seule vraie solution, n’est pas à attendre de la spontanéité patronale… Dans bien des entreprises, comme chez Airbus à Toulouse, les ventilateurs ne font que brasser l’air chaud, auquel s’ajoute celui que rejettent les climatiseurs des bureaux des chefs.
Pour les travailleurs des hôpitaux, à la dégradation bien connue s’ajoutent les difficultés liées aux fortes températures. Même quand il ne manque pas de ventilateurs, comme par exemple à Charles-Nicolle à Rouen, il faut de toute façon s’occuper plus fréquemment des patients, leur donner à boire, les rafraîchir, voire les changer quand ils ont trop transpiré, et le manque de personnel se fait encore plus sentir. Même donner des douches, harnaché de vêtements recouverts d’une surblouse de plastique, devient une épreuve supplémentaire.
La période de campagne électorale, avec son envoi de professions de foi et bulletins de vote, ajoutée à la chaleur, a également aggravé les conditions de travail des employés de La Poste. Rarement certains ont obtenu des renforts mais, comme le disent ceux de Nantes RP, c’est pour tout le monde et en permanence qu’il faut des renforts, autrement dit de l’embauche.
Quant aux fameuses bouteilles d’eau légales, elles ne sont pas toujours distribuées automatiquement car, comme à PSA à Hordain, dans le Nord, malgré la canicule annoncée, « la direction n’avait pas prévu que [les travailleurs] auraient soif ».