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Leur société
Sécurité alimentaire : le contrôle doit venir d’en bas
Les récents scandales alimentaires qui ont visé les entreprises Kinder et Buitoni ont remis à l’ordre du jour la question du contrôle de l’État sur les produits alimentaires, contrôle effectué par deux administrations.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui dépend du ministère de l’Économie et des Finances, et la Direction générale de l’alimentation (DGAL), qui dépend du ministère de l’Agriculture, devraient concourir à ces contrôles. Or, faisant mine de prendre le problème à bras le corps, une réunion interministérielle convoquée chez le Premier ministre a décidé… la suppression en 2023 de 60 emplois à la DGCCRF ! Ces postes, affectés à la sécurité sanitaire des aliments, seraient transférés vers la DGAL. L’objectif invoqué officiellement est de regrouper les contrôles sous une autorité unique afin d’améliorer leur qualité. Mais cette décision a été vécue à juste titre comme une marque de mépris par tous les salariés de la DGCCRF qui s’emploient depuis des mois à effectuer les contrôles sanitaires.
De son côté, le syndicat Solidaire de la DGCCRF, relayé par l’UFC Que Choisir, explique ce choix par les liens privilégiés entre le ministère de l’Agriculture et les lobbies de l’agroalimentaire. En effet, ces liens sont de notoriété publique, comme il en existe aussi avec le ministère de l’Économie et des Finances, qui chapeaute la DGCCRF, et d’une façon générale avec toutes les plus hautes sphères de l’État. Cela explique le choix qui a été fait de laisser les industriels de l’agro-alimentaire pratiquer eux-mêmes les contrôles sanitaires sur leur production.
En réalité, toutes les structures de contrôle censées constituer des garde-fous face aux industriels fraudeurs sont mises à mal depuis des années par les suppressions de postes, aussi bien du côté de la DGCCRF – 1 000 emplois perdus en dix ans – que du côté de la DGAL, où le nombre des contrôleurs a baissé de 11 % dans la même période. À titre d’exemple, le volume des inspections a chuté de plus de 20 % dans la restauration, où les visites ne peuvent avoir lieu qu’une fois tous les quinze ans. D’après un rapport réalisé en 2019 par la Cour des comptes, les vétérinaires ne sont pas assez nombreux pour pouvoir effectuer des contrôles dans les abattoirs de volailles et de lapins.
La baisse permanente des effectifs rend de plus en plus difficile le travail des agents publics qui vont sur le terrain, quelle que soit leur catégorie et quel que soit leur ministère de rattachement. Leur principal appui vient le plus souvent d’anciens salariés de l’industrie alimentaire dont les témoignages finissent par faire éclater les scandales sur la place publique. C’est la preuve que garantir la sécurité alimentaire nécessite, non seulement d’embaucher des effectifs supplémentaires dans les services de contrôle, mais aussi d’imposer un contrôle de ces entreprises par leurs propres salariés.