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Leur société
Stade de France : allez les “bleus” !
Samedi 28 mai, la police a chargé, gazé et matraqué pour, disent ses porte-parole, maintenir l’ordre autour du Stade de France, à Saint-Denis.
Le ministre de l’Intérieur Darmanin et le préfet de police Lallement accusent la désorganisation des transports, qui aurait été causée par les grévistes de la RATP, et surtout les milliers de supporters anglais sans billets qui auraient tenté de passer par-dessus les grilles.
Selon les chefs des policiers, on ne verrait de tels comportements que parmi les supporters britanniques. Ces excuses faciles et mensongères voudraient dédouaner les organisateurs, et avant tout la police. La présence des supporters et leur nombre étaient pourtant prévus, de même que le mouvement des travailleurs de la RATP, mais visiblement pas les moyens suffisants pour faire pénétrer sans difficulté les spectateurs dans le stade. Devant la foule agglutinée, bon enfant d’après les images et les reportages, et alors que quelques-uns commençaient à s’impatienter et à passer par-dessus les grilles, la police n’a su que foncer dans le tas. Darmanin a beau dire aujourd’hui que « grâce à la doctrine française de maintien de l’ordre, il n’y a pas eu de mort », il en a pris le risque. Ou, plus exactement, il assume le fait que son fidèle Lallement en ait pris le risque.
Ce préfet a été nommé pour cela, après s’être illustré à Nantes en faisant matraquer les spectateurs d’un concert, causant la mort par noyade de l’un d’entre eux. Il a couvert les arrestations, les gardes à vue, les bastonnades, les yeux crevés et les mains arrachées lors de la répression des manifestations de gilets jaunes. Ce ne sont, selon les propres mots de Lallement, que les faux frais du maintien de l’ordre contre ceux « qui ne sont pas dans le même camp » que l’État.
Les protestations des supporters, celles des parents asphyxiés avec leurs enfants, des 238 personnes qui ont dû être secourues et des 105 qui ont été embarquées, laisseront de marbre le ministre de l’Intérieur et son exécutant. Pourtant, bien plus que lors de leurs précédents exploits, l’affaire prend une tournure telle que les matraqueurs ne sont pas à la parade.
De puissants intérêts financiers sont en effet en jeu. Le match était une finale de Ligue des Champions et donc retransmise dans le monde entier, avec les intérêts commerciaux que cela suppose. Le retard de 35 minutes, ses causes et la stupidité policière française ont donc été mondialement étalés. C’est de mauvais augure alors que la France, sa police, ses banques et ses hôteliers-restaurateurs sont censés organiser d’autres profitables fêtes du sport, la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques de Paris, en 2024. Dans ces occasions, les questions d’organisation et de gestion des foules conditionnent les profits de la kyrielle de financiers intéressés à l’affaire. Il convient donc que la police locale offre toutes les garanties. D’où l’inquiétude de Darmanin et Lallement car, s’ils peuvent bien laisser mutiler des manifestants et gazer de pacifiques supporters, il est malvenu dans leur profession de menacer par incompétence les profits des puissants. Les commentateurs, sportifs et financiers, ne manquent pas de le leur rappeler depuis leur éclatante bavure.