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Leur société
Prix de l’électricité : un bouclier bien percé
« Je vais être très clair : il n’y aura aucun rattrapage sur la facture pour les consommateurs », a affirmé lundi 30 mai le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse.
Elle avait été convoquée en urgence dans l’après-midi pour démentir l’annonce, le matin même, par Le Parisien et par une association de consommateurs, la CLCV, d’une augmentation des tarifs de l’électricité de 8 % en 2023.
En octobre dernier, alors que les prix de l’énergie avaient commencé à augmenter fortement, le gouvernement avait gelé les tarifs du gaz et limité l’augmentation de ceux de l’électricité à 4 % pour les consommateurs bénéficiant d’un prix réglementé, soit plus de 70 % des foyers. Pompeusement qualifié de « bouclier tarifaire », ce dispositif devait servir à montrer, à quelques mois de l’élection présidentielle, que Macron se préoccupait de défendre le pouvoir d’achat de la population. Le gouvernement avait promis qu’il n’y aurait aucun rattrapage des augmentations après la levée de ce dispositif.
Dans les coulisses, ceux qui décident des prix se préparent en réalité à augmenter fortement la facture des usagers, comme en atteste la délibération en faveur d’une hausse de 8 % rendue le 31 mars par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), l’organisme ayant pour mission de proposer au gouvernement les évolutions du tarif réglementé de l’électricité. À quelques jours du premier tour des élections législatives, la publicité faite autour de ces discussions tarifaires pouvait devenir gênante pour les candidats macroniens en campagne pour se faire élire député.
Le Maire a donc martelé que l’État prendra en charge le « besoin de financement supplémentaire en 2023 » souligné par la CRE, « de l’ordre de deux milliards d’euros », venant s’ajouter à un coût total estimé jusque-là à huit milliards. Le budget public compensera aussi le manque à gagner d’EDF, dont le chiffrage se situe entre quatre et huit milliards d’euros suivant les sources. Quant au « bouclier » sur le gaz, il coûterait, lui, au moins 6,5 milliards d’euros à l’État.
Pour des raisons essentiellement électorales, le gouvernement ne tient pas à laisser augmenter les factures des consommateurs. Mais il entend bien répercuter sur la population le financement de toutes ces mesures sous la forme d’impôts supplémentaires ou d’économies réalisées aux dépens des services publics.