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Leur société
Éducation nationale : des enseignants, il y en aurait !
Pour faire face à la pénurie de personnel attendue à la prochaine rentrée scolaire, l’académie de Versailles organise avec Pôle emploi quatre journées de recrutement.
Cet expédient de dernière minute confirme à quel point l’enseignement est laissé à l’abandon par le gouvernement, mais l’affluence de candidats prouve à l’inverse que cette situation n’est pas une fatalité.
L’académie entend lors de ces journées recruter 2035 contractuels, auxquels elle propose un contrat précaire pouvant couvrir toute la prochaine année scolaire, ou une partie seulement. Il s’agira d’un emploi à temps plein ou à temps partiel. Le manque de personnel se faisant partout sentir, le recrutement se fait sur toutes sortes de postes, enseignants du primaire et du secondaire, mais aussi psychologues scolaires, personnel de santé, assistants d’éducation ou AESH pour aider les enfants en situation de handicap.
Ce recours massif à du personnel précaire pour boucher les trous a toujours eu lieu mais, d’année en année il prend une ampleur croissante, et pas seulement dans les départements de la banlieue parisienne que couvre cette académie, où les contractuels représentent déjà 20 % des 102 000 salariés. Le recours spectaculaire à ces journées de recrutement prouve simplement que ce n’est pas encore suffisant.
Le ministère a une réponse toute trouvée à cette situation lamentable, mettant en cause le manque de candidats aux concours de recrutement. Cela a l’avantage de le dédouaner, à défaut de résoudre le problème. Cette pénurie de candidats a pourtant des raisons biens connues, qui relèvent de la responsabilité du gouvernement, notamment la faiblesse des salaires et les conditions de travail qui empirent.
L’affluence, dès avant l’ouverture des portes, lors de la première journée au rectorat de Versailles, montre pourtant qu’il ne manque pas de candidats attirés par le métier d’enseignant. L’indispensable licence en poche, beaucoup faisaient état de leur désir d’enseigner et d’être ainsi utiles, affirmant qu’ils sauraient prendre soin des élèves et ne demandaient qu’à être formés au métier. À tous ces candidats motivés, l’Éducation nationale ne propose qu’un contrat temporaire, leur réservant le sort des innombrables précaires qui se sont succédé face aux élèves et ont souvent fini par jeter l’éponge devant une telle incertitude.
De nombreux jeunes, et aussi de moins jeunes, ne demandent qu’à devenir enseignants. L’Éducation nationale, elle, se contente de perpétuer la situation désastreuse qui règne dans les écoles, les collèges et les lycées en jonglant avec les emplois et en pénalisant ainsi les élèves.