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Ukraine – Russie : les États-Unis veulent que le conflit dure
Visites de hauts responsables, augmentation des aides financières et militaires, livraisons massives d’armes : les dirigeants américains tiennent à montrer qu’ils s’engagent davantage dans la guerre en Ukraine face à la Russie.
Le 27 avril, le secrétaire d’État américain déclarait : « Nous voulons maintenant voir la Russie affaiblie à un point tel qu’elle ne puisse pas recommencer des choses comme envahir l’Ukraine. » Le 28 avril, Joe Biden demandait au Congrès une rallonge de 33 milliards de dollars destinés à l’Ukraine, dont 20 milliards pour lui livrer des armes. Une telle somme représente trois fois le budget militaire annuel de ce pays. Le 30 avril, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, effectuait à son tour une visite à Kiev pour enfoncer le clou : « Nous serons à vos côtés jusqu’à ce que le combat soit terminé. » Un conseiller du ministère américain des Affaires étrangères, interviewé le 2 mai par Le Monde déclarait : « Nous devons nous préparer et préparer les Ukrainiens à une guerre longue. »
L’objectif des dirigeants américains n’est donc pas d’obtenir rapidement la fin de cette guerre fratricide et de son cortège d’horreurs. Pour eux, les difficultés des armées russes sont l’occasion à saisir pour affaiblir durablement le pouvoir de Poutine. Ils veulent renforcer ainsi les positions de leurs capitalistes en Europe de l’Est et accessoirement en profiter pour affaiblir celles de leurs alliés européens.
Affaiblir au maximum la Russie, cela signifie prolonger la guerre. Pour cela, les États-Unis s’engagent à fournir des armes quasiment sans limite, tandis que les Ukrainiens sont invités à fournir les combattants, c’est-à-dire les morts, et à subir toutes les destructions et les privations d’un pays en guerre. Et quelles seraient les conditions d’un arrêt des combats pour les dirigeants américains ? S’agit-il du retrait des troupes russes des villes et des régions occupées depuis le 24 février dernier ? Du retour à l’Ukraine de l’ensemble du Donbass, y compris des régions qui avaient fait sécession en 2014 ? Du retour de la Crimée annexée par Poutine en 2014 ? Ils se gardent bien de le préciser.
À la question : « Que signifie défendre son pays, quels sont les objectifs réalisables ? », le conseiller américain déjà cité a répondu : « C’est aux Ukrainiens de décider. » Mais quels Ukrainiens ? Les dirigeants ukrainiens, tenus à bout de bras par leurs soutiens militaires occidentaux, se conforment à leurs objectifs. Quant à la population ukrainienne, avec toute la variété de ses sentiments vis-à-vis de Zelensky, des États-Unis ou de la Russie, avec ses aspirations légitimes à la paix, personne ne va la consulter sur la marche de la guerre, ses objectifs et sa fin éventuelle.
Quand Biden et les dirigeants de l’impérialisme américain estimeront que le conflit a assez duré, ils sauront trouver avec Poutine et les privilégiés russes un compromis et Zelensky devra s’y conformer. Entre-temps, la population ukrainienne aura payé le prix fort pour cette guerre entre deux blocs par peuples interposés.