Du Front à l’Union populaire : au service de la bourgeoisie04/05/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/05/2805.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Du Front à l’Union populaire : au service de la bourgeoisie

Depuis plusieurs mois déjà, les responsables de LFI qui ont appelé leur mouvement Union populaire font référence à la période du Front populaire de 1936. Ainsi même la date du 3 mai, date à la fois de l’accord entre EELV et LFI et de la victoire électorale du Front Populaire aux élections législatives en 1936, a été mise à contribution.

Pour qui veut savoir, l’histoire du Front populaire est instructive, mais ne démontre pas ce que les dirigeants de LFI voudraient lui faire dire. C’est après la manifestation des ligues fascistes, le 6 février 1934, que le PCF et la SFIO conclurent cette alliance électorale avec le Parti radical, le parti de la petite bourgeoisie en pleine déconfiture, embourbé dans des scandales sans fin. Ces partis s’appuyaient sur le désir d’unité face au danger fasciste, tout en mettant en avant un programme des plus modérés, compatible avec le capitalisme.

La victoire électorale du 3 mai 1936 n’était pas de nature à déclencher la panique dans la bourgeoisie, mais la grève générale qui se développa ensuite le fit. Les ouvriers occupèrent les usines, interdisant leur accès aux patrons. Le 8 juin, les représentants patronaux et syndicaux réu­nis en urgence avec le tout nouveau gouvernement de Front populaire durent reconnaître le droit syndical, les contrats collectifs, les délégués ouvriers élus et le réajustement des salaires de 7 à 15 %. Ces accords de Matignon n’arrêtèrent cependant pas les grèves. Du 8 au 12 juin, elles contraignirent le gouvernement à voter les congés payés et les 40 heures. Et il fallut que les dirigeants ouvriers pèsent de tout leur poids auprès des travailleurs pour faire arrêter le mouvement. Thorez, le dirigeant du PC, s’illustra en déclarant le 11 juin : « Il faut savoir terminer une grève » et « Tout n’est pas possible. »

Ce que le gouvernement et le patronat avaient dû céder était peu au regard des possibilités que recelait cette grève générale. Les grèves ne se limitaient pas à des revendications économiques, elles exprimaient la volonté de toute la classe ouvrière d’empiéter sur le pouvoir même de la bourgeoisie. Cette grève était le rassemblement au grand jour des opprimés, mais il ne se trouva aucun parti pour lui donner des objectifs politiques à la hauteur de ses possibilités.

La question qui se posait à la classe ouvrière n’était pas celle des congés payés, mais celle de la crise sociale, de la montée générale du fascisme et de la marche à la guerre.

La montée ouvrière commencée en 1934, qui culmina en juin 1936, aurait pu changer le cours de l’histoire. La Chambre de Front populaire, qui fit tout pour la canaliser, puis la briser en allant jusqu’à faire tirer sur les travailleurs en 1937, rendit un fier service à la bourgeoisie. Après l’avoir sauvée, elle lui préparait ainsi l’entrée dans la guerre et termina son mandat en votant les pleins pouvoirs à Pétain.

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