Nathalie Arthaud : "Cette guerre nous concerne. Nous avons déjà un pied dedans"06/04/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/04/2801.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Nathalie Arthaud : "Cette guerre nous concerne. Nous avons déjà un pied dedans"

Biden et derrière lui Macron et les autres dirigeants des pays de l’OTAN répètent qu’ils ne sont pas en guerre contre la Russie. Formellement, ils ne le sont pas. Mais ils fournissent renseignements, missiles et drones à l’armée et aux milices ukrainiennes après les avoir aidées et formées depuis huit ans. Dans les faits, ils mènent la guerre contre la Russie avec la peau des Ukrainiens. Et nous risquons une escalade guerrière. […]

Jusqu’à présent, la guerre était loin. Elle était en Irak, en Libye, en Syrie, en Afghanistan ou encore au Mali.

Parce qu’elle se déroulait sur un autre continent, parce que les morts, les destructions et les camps de réfugiés n’étaient que des images à la télé, la guerre restait une abstraction pour nous. Et c’est le cas encore de la guerre sanglante qui se mène au Yémen depuis huit ans et qui a fait plus de 380 000 morts !

Mais n’oublions pas que nos grands-parents, nos parents et les plus âgés d’entre nous ici ont connu la guerre d’Algérie, la guerre d’Indochine voire la Deuxième Guerre mondiale.

Et il y a trente ans, ce n’était pas Marioupol qui était bombardé mais Sarajevo, Dubrovnik et aussi Belgrade, pilonné durant 78 jours par les avions de l’OTAN en 1999, épisodes dramatiques de la guerre fratricide qui a fait exploser la Yougoslavie.

Alors, oui, la menace se rapproche. Parce que le capitalisme et la guerre sont indissociables. Parce qu’une société qui engendre des inégalités ahurissantes, un luxe inimaginable d’un côté, le dénuement absolu de l’autre, une société où la concurrence et les rivalités sont les moteurs de l’économie ne peut vivre que par la guerre !

Depuis des années, les États-Unis et, derrière eux les impérialismes de moindre importance, dont la France, préparent l’opinion à la possibilité d’une guerre contre la Chine ! Et depuis 2014 au moins, l’idée d’une guerre impliquant la Russie était présente ! Ne serait-ce parce que la guerre dans le Donbass se poursuivait, guerre qui a fait plus de 14 000 morts !

Alors répéter en boucle que Poutine est devenu fou et qu’on ne l’avait pas vu venir est une réécriture de l’histoire : il y a un bras de fer entre le camp impérialiste et la Russie de Poutine depuis des décennies.

Le fait est que, depuis trente ans, l’OTAN a exercé une pression constante pour que les pays voisins de la Russie adhèrent à l’OTAN. L’OTAN a ceinturé la Russie de bases militaires équipées de missiles. C’est la politique impérialiste des États-Unis, de l’OTAN et des puissances occidentales qui a fait de l’Ukraine le théâtre de leur bras de fer avec la Russie. Et que ce soit Poutine qui ait pris l’initiative d’envahir l’Ukraine n’y change rien.

Maintenant, le nombre de soldats américains en Europe est passé de 70 000 à 100 000, l’OTAN déploie ses bataillons un peu partout en Europe, le porte-avions français est déployé en Méditerranée. Et tous les États sont en train de se réarmer.

Cette course spectaculaire à l’armement démontre que tous les pays impérialistes, leurs généraux, leurs diplomates, préparent les futures boucheries. Ils sont les pires ennemis des travailleurs.

Contre la guerre, la révolution !

Toute l’histoire du capitalisme et de la bourgeoisie est l’histoire des guerres : guerre d’extermination contre les Indiens pour l’or de l’Amérique du sud ; traite des êtres humains et mise en esclavage ; guerres d’unification nationale ; guerres de l’opium pour ouvrir les portes de la Chine ; guerres coloniales…

Plus les trusts grandissaient, plus ils étouffaient dans leurs frontières nationales et plus les guerres étaient généralisées, jusqu’à ce que toute l’humanité soit plongée dans deux guerres mondiales.

Le prolétariat a donc toujours été confronté à la guerre. Tantôt enrégimenté dans les bagnes industriels, tantôt dans les armées. Tantôt chair à profits, tantôt chair à canon. Les deux ont toujours été entremêlés.

En France, la Commune de Paris de 1871 naquit à l’issue d’une guerre entre le Second Empire de Napoléon III et la Prusse. Au cours du siège imposé à Paris, le petit peuple réalisa qu’il n’avait pas seulement pour ennemi la Prusse de Bismarck, mais aussi son propre gouvernement qui l’envoyait se faire tuer tout en négociant avec la Prusse et qui laissait le petit peuple mourir de faim.

Et le 18 mars 1971, ce fut l’insurrection qui donna naissance à la Commune de Paris, le premier pouvoir ouvrier au monde, qui se voulait une République universelle des travailleurs.

[…]

Quand nous affirmons que la seule issue favorable pour les peuples viendra de la classe ouvrière, cette perspective n’est pas une chimère !

Toutes les guerres prennent les travailleurs au dépourvu, mais plus la guerre dure, plus les dégâts et les souffrances s’accumulent. Plus les fauteurs et les profiteurs de guerre sont visibles aussi, suscitant la colère et la révolte. Plus celles et ceux qui payent la guerre de leur peau cherchent une issue par leurs propres moyens.

Cela s’est déjà produit, justement en Russie et en Ukraine, il y a un peu plus de cent ans. Parce que c’est la révolution des ouvriers, des soldats et des paysans de l’empire tsariste qui a mis un terme aux combats de la Première Guerre mondiale sur le front Est. Un an plus tard, cette révolution contagieuse a contribué à la mutinerie des soldats et des marins allemands qui firent tomber l’empereur, sonnant la fin de la boucherie qu’avait été la guerre de 14-18.

La Révolution russe a montré que les exploités pouvaient aussi décider du sort de la guerre. Car ceux qui manient les armes, la plupart du temps des hommes du peuple, des ouvriers, des exploités, peuvent aussi décider de les faire taire.

Alors non seulement les travailleurs sont capables d’arrêter les guerres, mais au cours de leur combat, ils sont capables d’établir leur propre pouvoir. Et à partir de ce pouvoir, ils peuvent mener une politique internationale, non pas pour discuter et négocier avec les brigands qui dirigent, mais pour s’adresser aux travailleurs révoltés des autres pays et pour construire, avec eux, un autre monde !

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