Usines à l’arrêt : les travailleurs payent déjà la guerre30/03/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/03/2800.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Usines à l’arrêt : les travailleurs payent déjà la guerre

Depuis plusieurs semaines, la production dans de nombreuses usines en France, en lien avec la construction automobile, est perturbée du fait de la guerre en Ukraine. Il y avait déjà eu auparavant de nombreux jours de chômage partiel à cause des pénuries de semi-conducteurs. Dans tous les cas, ce sont les travailleurs qui en font les frais, et c’est inacceptable.

Il n’y a pas que Renault à être implanté en Russie. Bien des constructeurs comme Stellantis, Volkswagen, Mitsubishi, Toyota, Mazda, y ont des usines de fabrication, ainsi que divers constructeurs de poids-lourds comme AB Volvo. L’arrêt de la plupart de ces usines se traduit par des à-coups dans la production mondiale. Par ailleurs, de nombreuses entreprises sous-traitantes de l’automobile sont situées en Ukraine, en particulier pour les faisceaux électriques ou les lève-vitres. Là encore, la guerre a arrêté la production et donc les livraisons.

À cela il faut ajouter les problèmes de fourniture des matières premières indispensables à cette industrie. L’Ukraine est un des principaux producteurs du néon utilisé pour fabriquer des lasers nécessaires à la production de semi-conducteurs, justement. Elle est aussi productrice, comme la Russie, de caoutchouc synthétique et de noir de carbone, utilisés dans la fabrication des pneus. La guerre a aussi des répercussions sur les livraisons en provenance de Russie, d’acier, d’aluminium ou encore de palladium pour la fabrication des pots catalytiques. La Russie est par ailleurs le deuxième producteur mondial de cobalt, le troisième de nickel et le septième de cuivre. Autant d’éléments indispensables à l’électrification des véhicules.

Dès lors, on comprend bien que, derrière le débat sur les sanctions, ce qui préoccupe les capitalistes et leurs États n’est pas le sort de la population ukrainienne ou russe, mais celui de leurs profits. La guerre accroît encore l’irrationalité de l’économie capitaliste et la rend encore plus instable.

Que ce soit les pénuries de pièces, les absurdités du marché, les conséquences directes ou indirectes de la guerre, ou même l’ensemble de ces facteurs entremêlés, les dirigeants se préparent à en faire payer les conséquences aux travailleurs. Ainsi, des dizaines de milliers d’entre eux sont touchés par des arrêts de production complets ou partiels dans les usines Renault de Cléon, Sandouville, Flins, Batilly ; de Toyota dans le nord ; de Stellantis-PSA à Rennes, Poissy, Sochaux, Mulhouse. Mais c’est aussi le cas dans les usines Michelin. Cela se traduit, pour les travailleurs en CDI, par des jours de chômage partiel payé par l’État, et donc des diminutions de salaire de 16 à 30 %. Pour les travailleurs intérimaires ou en contrat précaire, cela signifie la plupart du temps des licenciements.

Lorsque les usines fonctionnent, les cadences ne sont pas diminuées pour autant. Au contraire, les travailleurs doivent alterner des jours de chômage et des jours de production intense. Et il est prévisible que le patronat voudra profiter de la situation, et notamment de la guerre, pour s’attaquer encore plus aux conditions de travail et de salaire tout en faisant taire les contestations.

Il n’y a aucune raison que les travailleurs acceptent de payer les conséquences d’un système qui ne rapporte qu’aux capitalistes.

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