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Dans le monde
Grande-Bretagne : faible avec les forts, fort avec les faibles
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la mansuétude du gouvernement britannique envers les milliardaires russes, dont il se refuse à saisir les biens par respect pour la sacro-sainte propriété privée, offre un contraste saisissant avec sa dureté envers les réfugiés ukrainiens qui frappent à la porte de la Grande-Bretagne.
Les pays de l’Union européenne, pourtant tous bien d’accord pour faire du continent une forteresse fermée aux migrants venus d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie, ont fait le choix au moins provisoire d’entrouvrir la porte aux réfugiés ukrainiens. L’État britannique, lui, s’est distingué dès le départ par son refus d’adopter ne serait-ce que l’apparence d’une attitude plus humaine.
Pour la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, il était hors de question de laisser entrer en Grande-Bretagne des Ukrainiens sans visa, même lorsqu’ils y avaient de la famille. C’est souvent le cas puisque, malgré l’avalanche de mesures tombées sur les travailleurs étrangers depuis le Brexit, il reste en Grande-Bretagne des dizaines de milliers d’Ukrainiens. Or les visas pour la Grande-Bretagne sont désormais beaucoup plus difficiles à décrocher qu’avant le Brexit, car liés à un statut précis : étudiant, travailleur hautement qualifié, métier sous tension...
Tant pis pour les réfugiés. La ministre décréta qu’aucun ne pourrait poser le pied en Grande-Bretagne sans visa, au prétexte que sinon des espions russes se glisseraient parmi eux ! Cela supposait des démarches auprès des consulats installés ici ou là en Europe. Chacun étant parti dans l’urgence, et rarement avec tous les documents exigés, moins de 4 000 demandes sur 17 000 avaient été satisfaites mi-mars.
Devant le tollé soulevé par tant d’inhumanité, le gouvernement a dû reculer. Celles et ceux qui ont des parents en Grande-Bretagne ne sont, en théorie, plus tenus de disposer d’un visa spécifique. Et une nouvelle voie a été ouverte pour des refugiés qui auraient la chance d’être sponsorisés pour un accueil de six mois par des familles recevant 350 livres mensuelles pour les accueillir. Une générosité qui reste donc bien limitée...
Rejetant la politique xénophobe de Johnson, de nombreux Britanniques affirment leur volonté d’accueillir les réfugiés. Des municipalités ont aussi exprimé cette volonté, mais n’auront peut-être pas les moyens d’offrir l’accueil espéré à celles et ceux qui auront franchi tous les barrages, tant les services municipaux ont souffert de coupes budgétaires ces dernières années.