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Dans les entreprises
Auchan Russie : guerre de communication et profits
À l’inverse de Mc Donald’s, Ikea, H&M, L’Oréal, Sephora et d’autres, le groupe Mulliez, implanté en Russie depuis une vingtaine d’années, a décidé de maintenir ses enseignes Auchan et Leroy Merlin. Les premiers invoquent des questions d’éthique et de morale pour se retirer, les seconds le bien des salariés pour rester.
Mais si les positions sont différentes, la même logique motive les décisions des actionnaires : la défense des intérêts et des profits de chaque groupe à l’échelle mondiale. Ce n’est pourtant pas par son éthique et sa morale que H&M s’est fait remarquer, lorsqu’un atelier de confection textile s’est effondré comme un château de cartes le 24 avril 2013 au Bangladesh, causant la mort de 1 127 des 3 600 ouvrières et ouvriers de l’usine Rana Plaza. On peut en dire autant pour Auchan, dont on a retrouvé des étiquettes de vêtements dans les décombres, et qui a nié jusqu’au bout être un commanditaire.
Début 2022, plusieurs semaines avant la guerre engagée par Poutine en Ukraine, le groupe Mulliez a annoncé sa décision de mettre fin à la présence en Russie de son enseigne Kiabi et de fermer vingt magasins, laissant plusieurs centaines de salariés sur le carreau. Decathlon qui, pour approvisionner ses soixante magasins, doit importer pratiquement 100 % de ses articles, vient aussi d’annoncer la fermeture de ses magasins.
C’est tout l’inverse, en revanche, pour Auchan et Leroy Merlin. Sur les 30,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés par Auchan dans le monde, sa filiale russe, avec 235 magasins, représente plus de 10 %. Leroy Merlin compte 112 magasins, avec un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros, ce qui représente 18 % du groupe.
Le PDG d’Auchan a pu déclarer aux premiers jours de la guerre que toutes ses pensées allaient aux salariés des magasins du groupe en Ukraine, mais ses regards sont surtout dirigés sur les profits accumulés par le groupe, en Russie et partout ailleurs. Guerre ou pas, les Mulliez veulent continuer de caracoler dans le classement de tête des familles les plus fortunées de France.