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Dans les entreprises
Airbus Helicopters Marignane : débrayage réussi
À l’annonce du record historique de bénéfices de l’entreprise, de 4,2 milliards d’euros cette année, les travailleurs d’Airbus Helicopters, à Marignane, ont pu constater que ce n’est pas la crise pour tout le monde.
C’est dans ce contexte que les négociations annuelles obligatoires se sont ouvertes entre la direction et les syndicats représentatifs, FO, CFTC, CGC. La CGT, non représentative à Marignane, n’y participait pas. Mais la mobilisation a un peu bousculé ces réunions. Dans la plupart des secteurs d’atelier, des travailleurs ont commencé à se réunir à l’initiative de la CGT. Ce qui en sortait était la difficulté à boucler les fins de mois. Les discussions commençaient à la pause, et se prolongeaient… bien au-delà de celle-ci. Les chefs n’osaient pas intervenir : c’était parfois tout un atelier qui se réunissait ainsi. Et si les salariés des secteurs concernés ne se sentaient pas de se mettre en grève sans l’appel des syndicats représentatifs, en revanche, certains d’entre eux commençaient à interpeller leurs délégués pour agir.
Par ailleurs, durant les négociations, il n’était question que d’augmentation en pourcentage. Les prix augmentant pour tous de la même manière, de nombreux travailleurs avancèrent la revendication de 200 euros pour tous. La revendication d’une augmentation uniforme a été reprise, y compris par FO et la CFTC, qui la demandaient sous forme d’augmentation générale minimum et sur deux ans.
Des travailleurs de plusieurs secteurs se sont rassemblés plusieurs fois tous ensemble à l’extérieur de leurs hangars. Il devenait de plus en plus évident à un nombre croissant de salariés que les négociations ne mèneraient à rien sans action, et il devenait par conséquent de plus en plus difficile aux syndicats de ne rien faire.
FO, CFTC, CGC et CGT ont donc appelé à un débrayage. Mardi 22 mars à partir de 13 h 30, les ateliers se sont vidés et plus de 2 000 travailleurs se sont retrouvés dans l’allée centrale. Dans les bureaux, les syndicats représentatifs n’avaient pas appelé à sortir, mais plus d’une centaine de courageux, dont des cadres, rejoignirent quand même le cortège qui continuait jusqu’à la « Cathédrale », le bâtiment de la direction.
Le mégaphone de la CGT scandant : « 200 euros, sinon pas d’hélicos », tout le monde reprenait la revendication.
Lundi 28 mars, les salariés apprenaient que l’accord avait été signé. Il prévoit 60 euros brut d’augmentation générale pour 2022. Mais pour la suite on sait seulement que, augmentation générale et augmentations individuelles confondues, le total ne pourra être inférieur à 125 euros sur les deux ans.
On est bien loin de ce qui serait nécessaire, ne serait-ce que pour compenser les hausses des prix. Mais les travailleurs qui ont vécu ces journées voient que leur mobilisation a de toute façon fait avancer les choses : une heure de grève a pesé plus qu’un mois de négociations. Cette leçon sera certainement très utile.