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Leur société
Carburants : des mesures insignifiantes
La hausse du gazole de 39 % depuis le 31 décembre et de 57 % sur un an, et à peu près autant pour le SP95-E10, est insupportable pour les classes populaires. Ce n’est pas la dernière opération de déminage de Castex, pompeusement baptisée « plan de résilience », qui va améliorer la situation.
C’est un véritable nœud coulant qui étrangle les salariés, les retraités ainsi que des artisans comme les pêcheurs, dont le carburant a plus que triplé en trois mois. Des patrons pêcheurs jettent l’éponge, et de plus en plus de matelots refusent d’embarquer, une bonne part de leur rémunération provenant du partage de ce qu’il reste une fois payés les frais du bateau.
Face aux premiers blocages de dépôts de carburant par des routiers, des agriculteurs et des pêcheurs, le gouvernement s’est donc résolu à de nouvelles annonces. Il s’agit de donner le change sans augmenter les salaires ni contraindre les grandes entreprises, et d’éviter que ces protestations ne provoquent des réactions plus générales dans le monde du travail.
Castex a donc finalement accordé une ristourne de 15 centimes sur les carburants routiers du 1er avril au 31 juillet... qui sera financée avec une partie du surplus de taxe collectée grâce à la hausse des prix. Les pêcheurs auront droit à une remise majorée de 35 centimes, et les éleveurs à une aide visant à limiter l’envolée du coût de l’alimentation animale, ainsi qu’à une nouvelle négociation pour prier les distributeurs de relever leurs prix d’achat. Les transporteurs routiers recevront des aides calculées d’après leur flotte de véhicules.
Des mesurettes insignifiantes. Mais, pour les plus riches, il n’en est pas de même. Près de la moitié des nouvelles dépenses sera consacrée aux entreprises « très consommatrices d’énergie » (métallurgie, chimie, papier-carton...) : l’État s’engage à payer la moitié de leur surcoût énergétique, à condition de réussir à présenter des comptes dans le rouge et des dépenses de gaz et d’électricité d’au moins 3 % du chiffre d’affaires. Les prêts garantis par l’État sont renforcés et prolongés, ainsi que l’activité partielle de longue durée. Enfin, le ministre Le Maire n’a pas manqué de sortir sa machine à subventions patronales sous prétexte de financer des projets réduisant la dépendance à la Russie.
Rien n’empêchera donc les trusts de faire payer au prix d’aujourd’hui du carburant acheté il y a des mois et d’accumuler des sommes gigantesques sur le dos de toute la société. Pourtant, prendre sur leurs profits pour augmenter les salaires, et les empêcher de reporter les hausses de carburant sur les consommateurs, les fournisseurs, les sous-traitants, serait la seule solution.