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la guerre en ukraine
Total : la fausse indignation d’un ministre
Total est le plus emblématique des trente-cinq groupes français du CAC 40 à opérer en Russie. Sans le citer nommément, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lui a fait les gros yeux, déclarant le 1er mars que c’est un problème de travailler avec des proches du pouvoir russe.
Le partenaire de Total pour le gaz en Russie, Novatek, est contrôlé par un oligarque dont la fortune est estimée à plus de 20 milliards de dollars, Guennadi Timchenko, proche et même, paraît-il, confident de Poutine. Officiellement, des sanctions avaient déjà été prises contre les oligarques russes après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, mais depuis lors, contrairement à ses concurrents, Total a renforcé ses investissements en Russie, au point d’en tirer aujourd’hui 17 % de sa production de gaz et de pétrole, avec des réserves prometteuses. Alors que BP et Shell viennent de retirer leur participation dans deux groupes russes pétroliers et gaziers, Rosneft et Gazprom, les dirigeants de Total ont déclaré qu’ils comptaient bien rester en Russie.
Dans le choix de ces sociétés, les intérêts des populations russe, ukrainienne ou française n’interviennent absolument pas. Les bénéfices accumulés par Total ont été réalisés en grande partie sous la protection de dictatures à travers le monde, en premier lieu en Afrique et notamment au Gabon et au Congo, mais aussi en Arabie saoudite, considérée comme un partenaire privilégié, en Birmanie, où Total est resté durant trente ans, ou encore au Kazakhstan où l’armée russe a réprimé la population il y a deux mois, sans que Bruno Le Maire y voie un problème. Il faudra décidément que celui-ci explique à Total quels sont ses critères.