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Dans le monde
Union européenne-Union africaine : sommet d’hypocrisie
Lors du sommet Union européenne-Union Africaine, les 17 et 18 février, les dirigeants européens ont opposé un refus catégorique aux dirigeants africains, qui réclamaient la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’objectif de 70 % de couverture vaccinale en fin de premier semestre 2022 est la condition d’une sortie de la phase aigüe de la pandémie à l’échelle mondiale. L’Afrique, dont seulement 11 % de la population a reçu une vaccination complète, est loin du compte. La levée des brevets permettrait de produire rapidement, massivement et à moindre coût les doses nécessaires à la vaccination de la population africaine, et une centaine de pays pauvres, l’Afrique du Sud et l’Inde en tête, la réclament depuis un an.
Dès le 14 février, Franck Riester, le ministre délégué français au Commerce extérieur, a prévenu : « Nous ne voulons pas remettre en cause le système de propriété intellectuelle. » La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, soutenue par les 27 États de l’UE, s’est dite défavorable à la levée des brevets. Elle préfère les « licences volontaires ou obligatoires », dispositif par lequel un laboratoire pharmaceutique vend à un État l’autorisation de produire son vaccin, sans lui en révéler la formule.
À l’issue du sommet, les dirigeants européens ont affiché une prétendue générosité, promettant de donner à l’Afrique « 450 millions de doses d’ici l’été ». Cela reste à voir, car en un an seules 150 millions de doses ont été livrées, bien souvent à la limite de la date de péremption, voire déjà périmées. L’UE a aussi déclaré que l’OMS autorisera six pays africains – Afrique du Sud, Égypte, Kenya, Nigeria, Sénégal et Tunisie – à fabriquer leur propre vaccin. Là non plus, il n’y a pas de quoi triompher : l’Afrique du Sud, dont une entreprise a récemment annoncé la fabrication du premier vaccin à ARN-messager sur le sol africain, ne fera ses premiers essais cliniques qu’en novembre 2022 et prévoit son homologation pour… 2024 !
En juin 2021, Macron avait fait de belles déclarations sur le vaccin « bien commun de l’humanité ». Dans les faits il protège les profits des actionnaires des laboratoires pharmaceutiques, quoi qu’il en coûte à l’humanité.