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Dans les entreprises
Renault : un milliard de profits !
Le 18 février, la direction de Renault a envoyé les résultats financiers de 2021 par e-mail à chaque salarié. Le résultat net est de 967 millions d’euros.
Ce bénéfice de près d’un milliard a conduit le directeur général, Luca de Meo, à déclarer avec lyrisme : « Il y a quelque chose de magique qui se produit chez Renault. »
Mais il n’y a rien de magique dans ce résultat. L’exploitation s’est aggravée pour les milliers d’embauchés, d’intérimaires et de prestataires. La fermeture de l’usine de Choisy-le-Roi et celle de plusieurs fonderies ont laissé sur le carreau des milliers de travailleurs. D’autres emplois sont menacés, par exemple avec l’arrêt programmé de la production sur le site de Flins. Il y a eu, dans le même sens, la filialisation de trois sites de Renault dans le Nord.
Depuis plus d’un an, dans les usines, les semaines de chômage alternent avec des samedis travaillés, des journées supplémentaires et des débordements de l’équipe du matin imposés. Les postes de travail sont souvent insupportables. Pour suivre les aléas de la production, les travailleurs d’un secteur sont parfois convoqués au dernier moment, malgré la prévision d’une journée non travaillée. Les voilà obligés de s’informer par téléphone, et parfois de venir alors que les transports collectifs ont été annulés par mesure d’économies.
Dans les bureaux d’études, au Technocentre de Guyancourt, à Lardy, et dans les usines, plus de 2 000 postes ont été supprimés. Les travailleurs sont poussés vers la sortie, contraints d’accepter une rupture conventionnelle collective. Le télétravail s’est intensifié. Chaque matin, le travailleur qui n’a plus de bureau permanent doit trouver lui-même un espace libre.
Le milliard mis de côté par Renault, ajouté aux deux milliards de prêt garanti par l’État, remboursés en partie avec de l’avance pour économiser les intérêts, ne tombe pas du ciel. La stricte discipline financière dont se vantent les dirigeants du groupe, le plan de deux milliards d’économies réalisé avec un an d’avance, signifient pour les quelque 30 000 salariés du pays plus de travail avec de moins en moins de travailleurs.
L’emploi de beaucoup d’entre eux reste menacé, notamment par la vente de plusieurs succursales. Quant aux salaires, les réunions de la direction avec les directions syndicales ont cette année encore accouché d’une souris : 20 euros mensuels brut pour les ouvriers, et zéro augmentation générale pour tous les autres salariés.
Des rassemblements de protestation, des arrêts de travail, ont eu lieu sur plusieurs sites pour exiger de véritables augmentations. Le trésor de guerre de Renault, 21,9 milliards d’euros, existe. Les travailleurs, quel que soit leur statut d’embauche, devront exiger qu’il serve à garantir leurs emplois et à un véritable rattrapage des salaires.