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- Lutte ouvrière n°2795
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Dans le monde
Naufrage à Terre-Neuve : fortune de mer et fortune des armateurs
Dans la nuit du 14 au 15 février, le chalutier-frigorifique Villa de Pitanxo a fait naufrage dans l’Atlantique nord, à 250 milles à l’est de Terre-Neuve. Sur vingt-quatre membres d’équipage il n’y a que trois survivants.
Les vagues se creusant jusqu’à dix mètres et la température descendant à moins trois degrés, les secours, navires présents dans cette zone et aéronefs venus du Canada, ont abandonné les recherches, considérant qu’il n’y avait aucune chance de retrouver vivants les marins disparus. L’armateur, la société espagnole Nores, qui possède huit chalutiers de ce type, a expliqué que le moteur s’est arrêté alors que le Villa de Pitanxo changeait de cap dans la tempête, le privant de propulsion et de gouvernail et causant ainsi le naufrage. Les trois rescapés, dont le capitaine, auront peut-être une autre version de l’avarie et du naufrage de ce navire moderne, de 50 mètres de long, familier des lieux et du temps.
À Marin, en Espagne, port d’attache du chalutier, les familles et les collègues des disparus, espagnols, péruviens et ghanéens, décrivent leurs conditions de vie : six mois partis, six mois sans trêve ni repos d’un travail harassant et dangereux pour 1 500 euros net par mois. Et, comme le naufrage le démontre, on ne s’arrête pas, quelle que soient les conditions de mer.
Les gouvernements espagnol et canadien, les autorités européennes et bien évidemment la société Nores ont adressé leurs condoléances aux familles et affirmé comprendre l’émotion des gens de mer. C’est bien le moins, car c’est dans leur monde, sous leurs lois, que des marins sont contraints de risquer leur vie pour engraisser l’armateur.