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Dans le monde
Sommet de Brest : vagues promesses
Réunis à Brest du 9 au 11 février sous la houlette de Macron lui-même, des chefs d’État, des professionnels de la mer et des représentants d’organismes internationaux et d’ONG ont devisé de la situation et de l’avenir de l’océan.
Les problèmes à l’ordre du jour sont nombreux et bien connus. Il y a tout d’abord la surpêche et la menace qu’elle fait peser sur la faune marine. De vagues résolutions, dépourvues de toute portée pratique, ont été prises. La pollution par le plastique n’a pas suscité non plus autre chose que des discours, sans engagement d’aucune sorte, alors qu’il est de plus en plus évident que la mer est remplie de microparticules quasiment indestructibles.
Enfin l’assemblée s’est penchée sur le problème de la décarbonation des transports maritimes, responsables d’une bonne partie des émissions de gaz à effet de serre. Les dirigeants des quatre premiers armateurs mondiaux étaient présents. Ces derniers avaient déjà tous signé l’accord chapeauté par l’Organisation maritime internationale, promettant des transports maritimes décarbonés pour 2050. Les armateurs ont renouvelé leur engagement. Les représentants des États les ont félicités et les ont assurés qu’ils bénéficieraient de toutes les aides publiques souhaitables. Macron a même annoncé qu’il en irait de la décarbonation des porte-conteneurs comme des subventions aux entreprises durant l’épidémie : elle sera faite « quoi qu’il en coûte ».
On peut croire ces présidents et représentants de présidents, dont les États choient déjà les compagnies maritimes. La France, par exemple, propose à ses armateurs de s’inscrire à un registre maritime qui les exonère du droit du travail pour tout ou partie de l’équipage. Elle leur offre les cotisations patronales pour les caisses sociales, un dégrèvement sur le carburant, une aide à la tonne transportée, des subventions aux modifications des navires en vue de les mettre aux normes écologiques. Ne doutons donc pas que cet engagement de nouvelles aides sera tenu.
Les profits des armateurs ont été multipliés par 10 ou 15 en 2021. Les dix premiers d’entre eux, représentant 80 % du commerce mondial, ont accumulé 120 milliards de dollars de bénéfices l’an passé. Mais il n’est bien sûr venu à l’idée de personne, dans cette noble assemblée, de demander aux armateurs de prendre sur ces sommes.