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Portugal : l’extrême droite en embuscade
Les élections législatives du 30 janvier au Portugal ont donné la majorité absolue au Parti Socialiste, et donc confirmé Antonio Costa à la tête du gouvernement. Mais cette apparente continuité s’accompagne d’évolutions dangereuses.
Après six ans de gouvernement PS minoritaire, Costa a obtenu 42 % des voix et 117 députés sur 230. Ses alliés incertains de gauche, qui ont fait chuter le gouvernement en refusant le budget 2022, ont été laminés. Le Parti communiste portugais (PCP) n’a plus que six députés, au lieu de douze. Et le Bloc de gauche, issu de la fusion d’anciens groupes d’extrême gauche, perd plus de la moitié de ses voix, passant de 9,5 à 4,5 %. Apparemment donc l’électorat de gauche serait satisfait de la politique de Costa, et aurait voté « utile », sanctionnant ceux qui ont fait chuter le gouvernement.
Mais les votes de droite dessinent une autre évolution. Deux partis d’extrême droite percent : Chega (Ça suffit), avec 7 % des voix, passe de un à douze députés ; Initiative libérale, avec 5 %, de un à 8 députés. Proche de Le Pen et de Salvini, Chega développe une démagogie anti-élite et anti-Roms. Son président, André Ventura, avait déjà obtenu 12 % des voix à la présidentielle de janvier 2021. Initiative libérale, elle, réclame moins d’État, des baisses d’impôts, des privatisations, un salaire minimum municipal et non national, plus de flexibilité du travail et toute liberté pour les patrons, en particulier celle de fermer les entreprises. Face au PS et à ses mesurettes sociales, l’extrême droite se présente comme la vraie opposition.
Depuis 2015, Costa a mis fin aux mesures d’austérité les plus violentes imposées par la Troika (Union européenne, BCE et FMI) et sa gestion du Covid n’est pas critiquée. Mais, le voudrait-il, il ne peut rien contre la crise économique. Même si le Portugal est redevenu attractif pour les capitalistes et pour les touristes, la population continue à souffrir du chômage, de la pauvreté, du bas niveau des salaires et des retraites. 100 000 travailleurs émigrent chaque année. C’est dans le contexte de cette crise et de cette misère que l’extrême droite progresse. Ainsi, dans le district très ouvrier de Setubal et dans le fief communiste de l’Alentejo, Chega devance largement le Bloc de gauche et égale presque le PCP.
Cette extrême droite représente une menace contre les travailleurs. Ils ne devraient pas s’en remettre à Costa et à sa politique modérée au profit de la bourgeoisie pour les en protéger.