Le Canard Enchaîné a révélé début février qu’Yves Le Masne, l’ex-directeur général d’Orpea qui vient d’être limogé, a vendu l’été dernier 5 456 actions du groupe, trois semaines après avoir appris la préparation du livre Les fossoyeurs, qui décrit les mauvais traitements sur les personnes âgées dans les maisons de retraite du groupe. Elles lui ont rapporté près de 600 000 euros.

Serait-il alors coupable de délit d’initié, c’est-à-dire d’avoir profité d’une information confidentielle pour vendre des actions à prix fort avant une baisse prévisible de leur cours ? Ce qui est certain, c’est que, pour l’ancien comme pour le nouveau dirigeant d’Orpea, ainsi que pour les actionnaires, les maisons de retraite ne sont qu’un moyen comme un autre de dégager d’énormes profits. Le groupe Orpea a réalisé 160 millions de bénéfices en 2020, et a distribué à ses actionnaires 56 millions de dividendes.

Ce qui inquiète les actionnaires d’Orpea, ce ne sont pas les mauvais traitements aux personnes âgées, mais la chute du cours de leurs actions en Bourse, suite au scandale. C’est aussi le cas des autres groupes de maisons de retraites privées, comme Korian, DomusVi ou Le Noble Âge, dont les actions ont chuté aussi, et qui craignent d’être mis en cause à leur tour, tant leurs méthodes pour faire de l’argent entraînent les mêmes maltraitances sur les personnes âgées.