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- Lutte ouvrière n°2793
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Leur société
Nos lecteurs écrivent Il n’y a pas que chez Orpea
Aide-soignante en Ehpad retraitée depuis cet été, je souhaite faire part de mon témoignage suite au scandale Orpea. L’Ehpad dans lequel j’ai travaillé entre 2001 et 2021 se situe à Flers, en Normandie, et avait un statut associatif jusqu’en 2018. Il fait à présent partie d’une fondation qui gère une quarantaine d’établissements de soins et a un statut officiel « privé non lucratif ». On pourrait donc croire que les conditions n’y ont rien à voir avec les groupes Orpea ou Korian, qui sont cotés en Bourse.
Qu’on en juge : nous n’avons pas de salle de repos. Jusqu’en 2018, nous avions un fauteuil, qui a été enlevé. Pendant des années, chaque aide-soignante disposait de 1 h 40 pour faire la toilette de huit résidents et les installer en salle à manger, ce qui était impossible. Alors, dans cet Ehpad aussi, on ne lavait pas les résidents tous les jours, avec tout ce que cela comporte d’indigne et de choquant.
Il y a quelques années, ce problème du temps pour les toilettes s’est amélioré. Mais une des raisons de cette évolution est la moindre mobilité des résidents, qui sont plus nombreux à être très âgés et dépendants, et à ne plus pouvoir descendre à la salle à manger. Nous ne sommes donc plus contraints par l’heure du repas pour leur toilette, mais ils doivent payer le prix de cette amélioration par une plus grande solitude.
Les besoins des résidents en soins se sont accrus avec le temps, mais évidemment pas les effectifs. La nuit, nous sommes deux (une agent de service et une aide-soignante) pour 86 lits ! Seulement deux travailleuses pour changer les personnes souillées, prendre garde aux fugues, dans cet établissement non sécurisé, et s’occuper des urgences. Avec la fatigue et le danger que cela représente. Quant au salaire, celui d’un agent est le smic et celui d’une aide-soignante est à peine au-dessus.