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Leur société
Primaire populaire : le changement viendra d’ailleurs
Les électeurs de la primaire populaire ont donc placé Christiane Taubira en tête. Ce résultat lance en fait la campagne de l’ancienne ministre de Hollande sans mettre un terme à celle des Mélenchon, Jadot, Hidalgo ou Roussel, qui avaient tous récusé par avance le principe de cette primaire.
Les candidats se réclamant de la gauche seront donc toute une brochette à concourir pour l’Élysée. Ils sont nombreux sur les plateaux de télévision à déplorer cette division, à commencer par les porte-parole des écuries en compétition, chacun voulant que les autres se rangent derrière leur champion. Les travailleurs, eux, n’ont aucune raison de regretter cette division. Unies ou séparées, aucune de ces équipes ne représente leurs intérêts.
Bien sûr, la crainte de voir Macron continuer à leur porter des coups pendant cinq ans et le dégoût légitime suscité par les Zemmour, Le Pen et autres candidats réactionnaires, poussent des travailleurs, des militants ouvriers, à attendre et espérer qu’un « bon candidat de gauche » puisse les battre et amener le changement. Mais c’est une illusion.
À chacun de ses passages au pouvoir, la gauche s’est assise sur les promesses qu’elle avait faites aux classes populaires. Pire, elle a aidé le patronat à porter des coups aux travailleurs. Élu en proclamant « mon ennemi c’est la finance », Hollande a propulsé Macron au ministère de l’Économie avant de faire voter la loi El Khomri qui attaquait le Code du travail. Renonçant, comme Mitterrand avant lui, à accorder le droit de vote aux étrangers installés dans ce pays, il a présenté au Parlement un projet que Le Pen ou Zemmour ne renieraient pas : la déchéance de la nationalité, avant d’y renoncer devant le tollé.
Les idées racistes et xénophobes déversées depuis des mois dans les médias et l’influence des candidats qui les diffusent ont de quoi inquiéter. Mais ce torrent écœurant ne sera pas arrêté par un simple bulletin de vote. Ce qui alimente les idées réactionnaires est le désespoir, la démoralisation des travailleurs, le recul de l’idée qu’ils forment une même classe sociale puissante face au patronat. La gauche, qui a remplacé méthodiquement la conscience de classe par « les valeurs républicaines », porte une immense responsabilité dans ces reculs. Quand elle reprend à son compte le nationalisme, qu’elle encense la police ou veut « produire français », elle prépare le terrain à l’extrême droite.
La satisfaction des revendications vitales pour les travailleurs aujourd’hui ne tombera pas du ciel ou de l’Élysée. Il faudra les imposer par des mobilisations de masse, des grèves, des manifestations, une lutte d’ensemble dont les travailleurs ne feront pas l’économie.
Quant à l’élection présidentielle qui vient, le seul vote utile aux travailleurs sera d’affirmer ces revendications et leur détermination à les imposer. C’est à cela que doit servir la candidature de Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière.