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Dans le monde
Otan-Russie : grandes manœuvres et danger de guerre
La tension entre les États-Unis, leurs alliés regroupés dans l’OTAN et la Russie continue de faire l’actualité. Le conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni le 31 janvier, les chefs d’État se téléphonent ou même se déplacent, chaque camp accuse l’autre de masser armes et troupes prêtes à en découdre pour dominer l’Ukraine.
Les menaces de guerre sont-elles réelles et quelles en seraient les véritables raisons ? L’impérialisme américain domine le monde et pousse ses pions dans ce qui fut l’URSS et son glacis. Dans ce processus, les États-Unis et l’Union européenne ont intégré dans leur zone d’influence et dans leurs alliances militaires les pays d’Europe centrale, les pays baltes et certaines ex-républiques soviétiques. L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, prétexte de la tension actuelle, serait un pas de plus en ce sens. La couche dirigeante russe, héritière de la bureaucratie stalinienne, ne peut voir son influence se réduire sans protester, ne serait-ce qu’en paroles et pour des raisons de politique intérieure. Pour chausser les bottes d’Ivan le Terrible et de Staline, Poutine se doit en effet de défendre ce qui fut leur pré carré, l’influence russe sur les contrées limitrophes.
Des décennies durant, cette poussée occidentale s’est poursuivie sans que l’armée américaine tire un seul coup de feu ou un seul missile, mais pas sans conséquences pour les peuples. Les guerres, les catastrophes sociales et le pillage par les trusts ont accompagné le « passage à l’ouest » des couches dirigeantes de pays devenus ennemis là où ils étaient alliés. Aujourd’hui, du côté impérialiste, il semble y avoir plus de gesticulation que de réelle préparation à la guerre. Ainsi, les États-Unis affirment être prêts à mobiliser 8 500 hommes pour répondre aux 100 000 que la Russie aurait massés à la frontière ukrainienne. De la même façon, les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine ressemblent à une démonstration symbolique.
Les déclarations des dirigeants occidentaux se mesurent plus à l’aune de leurs problèmes intérieurs que de la stratégie militaire. Les plus radicaux, en paroles, sont le Premier ministre britannique qui cherche à sortir d’une série de scandales, et le président américain Biden qui cherche encore à s’affirmer. Macron ne veut pas être en reste et parle d’envoyer quelques soldats en Roumanie et fait sortir la marine, tout en donnant une grande publicité à son entretien exclusif avec Poutine. Cela ne changera rien pour l’Ukraine mais permet au président-candidat de se montrer dans la cour des grands. Le gouvernement allemand, tout en se positionnant dans le camp américain, est moins démonstratif. Le gaz russe et sa fourniture en Europe de l’ouest sont en effet tout aussi indispensables aux profits des capitalistes européens qu’à la rente des bureaucrates de Moscou. Les autres gouvernements le savent aussi, ainsi que les commentateurs les plus va-t-en guerre, mais que ne feraient-ils pas pour vendre du papier, faire campagne pour leur élection ou faire oublier leurs turpitudes ?
Même si l’escalade militaire ne va pas jusqu’à la confrontation directe entre les forces russes et les armées de l’OTAN, les peuples de la région risquent de continuer à payer cette situation de multiples façons. Ils payent pour la présence d’armées terrorisant la population, pour les conséquences de la désintégration de l’ex-URSS et le triomphe concomitant des lois du marché. L’épisode ukrainien s’inscrit aussi dans la montée des tensions internationales.
Les budgets militaires des puissances impérialistes, des États-Unis en premier lieu, sont faits pour préparer la guerre et sont d’ailleurs sans commune mesure avec ceux de leurs adversaires désignés, la Chine et la Russie. Les armes sont là, ainsi que les troupes pour s’en servir et les dirigeants politiques pour les justifier. Le monde en crise ressemble de plus en plus à une poudrière qui n’attend qu’une étincelle.
Paul Galois