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- Lutte ouvrière n°2790
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Dans les entreprises
Hôtellerie-restauration : les miettes ne suffiront pas
Le patronat de l’hôtellerie-restauration se vante d’avoir consenti une augmentation de 16 % des salaires dans le cadre de l’accord qu’il a signé avec la CFDT.
Mais la réalité est nettement moins reluisante et montre que même les patrons qui se répandent sur leurs difficultés à recruter n’envisagent pas de rémunérer les salariés à la hauteur de ce qui permettrait de vivre correctement.
16 % « en moyenne » dit le patronat. Tout est dans le « en moyenne » car les serveuses et toutes celles et ceux qui sont en bas ne l’échelle ne verront pas la couleur de cette augmentation à deux chiffres. Les bas salaires, ceux que touchent la plus grande partie du personnel, ne seront augmentés que de 4 à 6,1 %. Encore ne s’agit-il que d’un rattrapage après de longues années où les rémunérations n’ont pas bougé. La maîtrise et l’encadrement, beaucoup moins nombreux, seront davantage augmentés. C’est seulement pour la toute petite minorité en haut de l’échelle que l’augmentation pourra aller de 9 à 23 %.
La majorité des travailleurs de l’hôtellerie-restauration bénéficieront ainsi d’une augmentation de 60 euros par mois maximum, sur des salaires qui tournent autour du smic, et encore, quand il s’agit d’emplois à plein temps. Ils devront pour cela accepter de travailler le dimanche et la nuit, commencer en début de matinée pour finir tard le soir, avec des coupures non rémunérées parfois de cinq heures, et faire des heures supplémentaires payées au rabais, quand elles le seront.
Cet accord est présenté comme un modèle par les commentateurs de la presse. Mais, s’il montre une chose, c’est que les patrons ne cèderont rien de significatif sans y être forcés, même dans un secteur où, en deux ans, 200 000 salariés sont partis vers d’autres métiers. Si les salariés de l’hôtellerie-restauration se voient gratifiés de presque rien par cet accord, ailleurs ce sera rien, ou moins que rien.
Une enquête de l’Observatoire annuel des rémunérations, une division de la société d’intérim Adecco, montre que, sur 150 sociétés interrogées, les augmentations salariales prévues à l’occasion des négociations annuelles obligatoires (NAO) se montent à 2,5 %. Là où les négociations officielles ont eu lieu elles confirment pour la plupart ce chiffre : 2,2 % chez Auchan, entre 2,5 et 3 % chez Danone. Chez Arkema, la direction avait proposé 1,7 %, avant que les travailleurs n’obtiennent plus par la grève. Chez Suez-propreté, l’ex-Sita, elle propose 3 %. L’inflation officielle, largement sous-évaluée, est déjà pour sa part de 3,1 % sur un an. Même avec quelques pour-cent d’augmentation, les travailleurs vont donc continuer à perdre de l’argent.
Pour mettre fin à cette descente vers la pauvreté, il serait temps que le monde du travail fasse rendre gorge au patronat pour l’obliger à payer ce qui est nécessaire pour vivre.