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Honduras : la gauche remporte l’élection présidentielle
Dimanche 28 novembre au Honduras, la candidate de gauche Xiomara Castro a remporté l’élection présidentielle avec 52 % des suffrages, contre 35 % au candidat de droite, Nasry Asfura, du Parti national qui régnait sur ce pays depuis douze ans.
Avant même que tous les résultats soient connus, le candidat de droite a reconnu sa défaite et les dirigeants des États-Unis ont reconnu que les élections s’étaient bien passées. Cela contraste avec le fait qu’il y a douze ans un coup d’État téléguidé par les États-Unis avait écarté le candidat de gauche, Manuel Zelaya. Selon eux, celui-ci était alors trop proche d’Hugo Chavez.
La nouvelle élue est la compagne de Manuel Zelaya. En 2009, tandis que celui-ci était poussé par les putschistes dans un avion pour être envoyé en exil au Costa Rica, elle avait pris la tête de la protestation populaire contre le putsch qui rappelait comment, bien souvent dans le passé, les États-Unis et la CIA avait fait et défait un président pour en imposer un à leur botte. Elle n’a cessé depuis de faire campagne contre la droite.
Les dix mois de la campagne électorale ayant été marqués par une trentaine d’assassinats politiques, les électeurs de gauche craignaient qu’au dernier moment on assiste, comme en 2017, à un retournement inopiné des résultats, sorte de putsch électoral qui avait permis à la droite de garder le pouvoir.
Les douze années de règne de la droite sur ce pays de 9 millions d’habitants ont été marquées par une corruption de plus en plus visible et des liens renforcés avec les narcotrafiquants, que Xiamora Castro a dénoncés tout au long de sa campagne. Le président sortant, Juan Orlando Hernandez, JOH, était si proche des cartels de la drogue que même Washington avait fini par qualifier le Honduras de « narco-État ».
Au pouvoir, la droite a tout fait pour empêcher qu’on s’attaque à la pauvreté et à la corruption des classes dirigeantes, qui ont alimenté le poids des gangs et la violence dans ce pays et provoqué les vagues de dizaines de milliers de personnes voulant fuir la misère et l’absence de perspectives en prenant la route des États-Unis, perçus comme un Eldorado. Un scandale a marqué ceux qui se sont ralliés à la candidature de Mme Castro : celui de la surfacturation lors de l’achat de sept hôpitaux de campagne, destinés à lutter contre le coronavirus, et qui se sont révélés être en très mauvais état.
La gauche remporte donc la présidence, mais aussi les élections législatives et les municipales qui avaient lieu en même temps. La droite dénonce déjà la nouvelle élue comme « communiste » Mais, pour l’emporter, celle-ci a dû élargir ses soutiens, obtenant notamment l’appui de milieux d’affaires. Elle a certes promis de mettre un terme aux « zedes », des zones d’emploi et de développement économique à la fiscalité et aux contraintes juridiques allégées. Celles-ci, qui ont surtout bénéficié aux narcotrafiquants, pourraient encore séduire des patrons plus traditionnels. Et la présidente pourra difficilement compenser ses éventuels reculs avec des réformes comme le droit à l’avortement, inexistant au Honduras, ou le mariage pour tous, car la droite a verrouillé les procédures pour de telles réformes.
Le succès électoral de Xiomara Castro ne suffira pas pour que les choses changent vraiment. Les verrous mis en place par les possédants rendent la vie des classes laborieuses insupportable et, pour les faire sauter, il faudra de grandes mobilisations populaires.