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Leur société
Pierre Rabhi : au compost de l’histoire
Le décès de Pierre Rabhi, survenu le 4 décembre, a déclenché une cascade d’éloges journalistiques et politiques. Tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, veulent profiter du ruissellement écologique y sont allés de leur larme certifiée bio.
Certains se sont tout de même souvenu, parfois à retardement, que Rabhi n’était pas seulement pour le retour à l’agriculture supposée naturelle mais aussi pour le retour de la femme à sa place tout aussi supposée naturelle, à savoir la cuisine. Aucun cependant, et c’est caractéristique, n’a contesté ses élucubrations mystiques ni ses théories sociales.
Sous prétexte de « sobriété heureuse » Rabhi enseignait la résignation aux opprimés et fournissait aux puissants la bonne conscience écologique clé en main, donnant des conférences à l’université du Medef, des conseils au candidat Macron ou des accolades à Hidalgo, qui l’avait même décoré. La société, disait-il, ne peut pas sans cesse produire davantage pour ceux qui ont besoin de secours. Chacun doit faire sa part en se serrant lui-même la ceinture, comme le colibri peut faire la sienne en apportant sa minuscule goutte d’eau pour combattre l’incendie de la forêt.
Cette théorie de la responsabilité personnelle a la particularité de faire disparaître celle des classes dominantes et d’abolir toute notion d’oppression, de lutte des classes sociales. Et, par là-même, toute l’histoire concrète des sociétés humaines.
Si l’opinion officielle est partagée quant aux propos de Rabhi sur les femmes ou les homosexuels, elle est unanime pour louer son programme de servitude volontaire au bénéfice des puissants.