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- Lutte ouvrière n°2783
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Le mouvement aux Antilles
Martinique : grève, barrages, révolte populaire
Après une semaine de grève générale et de barrages sur les axes routiers, la mobilisation ne faiblit pas en Martinique. Les négociations qui devaient être engagées à partir du lundi 29 novembre entre l’Intersyndicale, le préfet et la Collectivité territoriale de l’île sont restées au point mort.
La grève générale a débuté le 15 novembre. Elle s’est amplifiée depuis le 22 novembre à l’appel d’une intersyndicale d’organisations ouvrières, de la Santé et de travailleurs indépendants (marins-pécheurs, taxis, etc.). Une plate-forme en treize points a été mise sur pied reprenant les revendications contre l’obligation vaccinale, le manque de moyens des hôpitaux, contre la cherté de la vie, pour la création massive d’emplois pour les jeunes. Les revendications portent aussi sur les transports, sur la pêche ou la culture
Depuis, les revendications des grévistes et de la population restant sans réponse, et face à l’irrespect du préfet vis-à-vis de la délégation ouvrière, la colère est montée d’un cran. La grève a été reconduite, de nombreux barrages ont été érigés sur les routes. Certains sont organisés autour de militants de l’Intersyndicale. D’autres barrages sont tenus par des jeunes de quartiers populaires, principalement la nuit.
Mais en réalité, s’il y a des travailleurs en grève, notamment les soignants et assimilés, les agents de la sécurité sociale qui étaient en grève bien avant le mouvement, l’arrêt de travail n’est pas général. Ce sont d’abord les militants qui ont fait les barrages puis très vite, les jeunes et une partie de la population. Le mouvement est plus une révolte sociale venant des pauvres qu’une réelle grève générale. Tous les soirs, des jeunes construisent des barrages de déchets et de carcasses de voitures enflammées. Face aux forces de police, certains tirent à balles réelles.
La colère de ces jeunes a tant effrayé les autorités que le préfet s’est senti obligé d’en inviter quelques-uns à une rencontre le vendredi 26 novembre. La plupart de ces jeunes vivent dans la précarité et sont très touchés par le chômage de masse. Incendies de véhicules ou de commerces, pillages et autres exactions sont l’expression de leur rage face à une société qui ne leur offre rien, et ne leur propose que de la précarité. Beaucoup finissent par tomber dans la délinquance. Ces jeunes en ont également assez du mépris de l’État qui, face à leur colère, n’a d’autre réponse que d’envoyer des forces policières pour les réprimer.
Mais les jeunes de ces quartiers ont tout intérêt à rejoindre les travailleurs en lutte contre l’obligation vaccinale et la vie chère. Car ils ont les mêmes intérêts : il faut exiger l’augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux, ainsi que des embauches massives, justement parmi les jeunes. Aux côté des travailleurs, ils pourraient constituer une force considérable pour faire plier le grand patronat et l’État à son service.