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Leur société
UIMM : le plan de guerre du patronat
Le président de l’UIMM, Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, vient d’interpeller le gouvernement en réclamant un « nouveau choc de compétitivité ». Traduction : il réclame 30 à 35 milliards d’euros de baisses d’impôts.
L’UIMM regroupe les secteurs de la métallurgie au sens large : automobile, aviation, construction navale et ferroviaire, électronique, mines. Autant dire qu’elle est quasiment l’organisation du grand patronat français. Et quand ses dirigeants s’adressent à l’État, ce sont des ordres. Au moment du premier confinement, le patronat de l’automobile avait obtenu 8 milliards d’euros d’aides étatiques et celui de l’aéronautique 15 milliards. Aujourd’hui, ensemble, ils réclament plus.
Le président de l’UIMM avance ses raisons : les pénuries de composants électroniques et de matières premières vont durer et la crise va s’aggraver. La guerre économique entre trusts à l’échelle mondiale va s’intensifier, alors l’État français doit donner au grand patronat ce qu’il réclame. C’est un programme tout tracé qu’il présente à celui ou celle qui sera élu président l’an prochain.
Les grands groupes industriels que représente l’UIMM ont annoncé des milliards d’euros de bénéfices cette année, un nouveau record. Mais leurs actionnaires, plutôt qu’investir cet argent dans la production, préfèrent la spéculation. Quand il s’agit d’investir, ils comptent sur les aides de l’État. En matière de cotisations sociales, le grand patronat veut aussi n’avoir rien à payer. Pour les salaires proches du smic, il y a déjà tellement d’exonérations de cotisations sociales que, pour les grands groupes, on peut dire qu’elles n’existent plus. Mais le président de l’UIMM veut avoir les mêmes avantages pour les salaires allant jusqu’à 3 à 4,5 fois le smic !
Les sommes que le grand patronat réclame ne tomberont pas du ciel. Elles seront prises, soit directement dans la poche des travailleurs sous forme d’impôts supplémentaires, soit sur les budgets des services publics, ceux des hôpitaux, des transports, de l’éducation, de l’entretien des routes et des bâtiments publics. Cela signifiera un recul des conditions d’existence pour toute la population.
Ce plan patronal vise directement les travailleurs. Il va de pair avec la nouvelle convention collective que l’UIMM veut imposer et qui vise, entre autres, à supprimer la prime d’ancienneté et à baisser le taux des heures supplémentaires, et contre laquelle une première manifestation devait avoir lieu jeudi 25 novembre. Le grand patronat veut mener sa guerre économique en abaissant les salaires, en dégradant les conditions de travail et en supprimant des emplois. Rien que sur le secteur de l’automobile, le dirigeant de l’UIMM parle de 100 000 emplois menacés.
L’ensemble du grand patronat emboîtera sans doute le pas à l’UIMM, et c’est là une déclaration de guerre par laquelle les travailleurs doivent se sentir visés.