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Maroc : le passe sanitaire à coups de matraque
Depuis jeudi 21 octobre, le passe sanitaire est obligatoire au Maroc. La mesure a des conséquences graves pour de nombreux travailleurs, en particulier les plus pauvres, qui sont aussi les moins vaccinés.
Le passe sanitaire n’est fourni que si l’on est vacciné, et pas sur simple présentation d’un test négatif ou d’un certificat de rétablissement après Covid. Il est provisoire après la première et la deuxième dose, et peut être invalidé si l’on ne fait pas la troisième injection dans les six mois suivant la deuxième. La campagne pour la deuxième dose ayant commencé en mars 2021, la plupart des Marocains déjà vaccinés doivent se faire injecter la troisième dose en urgence pour garder leur passe sanitaire.
Tous les espaces publics, hammams, restaurants, cafés, commerces, établissements hôteliers et touristiques sont interdits à ceux qui n’ont pas de passe sanitaire. Il concerne les clients de ces établissements, mais aussi leurs salariés, à qui on interdit l’accès à leur lieu de travail et le moyen de gagner leur vie. Cette mesure n’a été annoncée que trois jours avant son entrée en vigueur
L’entrée dans les administrations publiques est aussi soumise au passe sanitaire, de même que les déplacements entre préfectures et provinces du pays. Il devient très difficile de se procurer un document administratif ou de se déplacer entre deux villes sans le passe, les contrôles de police se multiplient dans les cafés, les rues, les transports. L’amende est de 300 dirhams (environ 10 % du smic marocain) en cas d’infraction.
Cette nouvelle attaque contre les classes populaires intervient dans un contexte de crise dramatique. L’économie ne s’est pas remise de son arrêt pendant plusieurs mois de confinement, le secteur touristique est toujours exsangue. L’inflation s’accélère : les prix des produits de base, l’huile, les lentilles, la semoule et bien d’autres, ont augmenté de 25 à 50 % depuis septembre.
Dimanche 24 octobre, des manifestations spontanées, sans appel de partis ou de syndicats, ont éclaté dans plusieurs villes du Maroc contre le passe sanitaire : à Casablanca, Rabat, Marrakech, Safi, Agadir, Tetouan… Les forces de répression n’ont eu qu’une réponse, les coups de matraques et les arrestations. Le nouveau Premier ministre, le milliardaire Aziz Akhannouch, avait déclaré, après sa nomination le 7 octobre, qu’il allait mettre de l’ordre dans la maison et rééduquer les Marocains. Cette volonté de mettre au pas la population laborieuse commence par l’instauration du passe sanitaire.