États-Unis : footballeuses : 1 – fédération : 029/09/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/10/2774.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : footballeuses : 1 – fédération : 0

Les footballeuses américaines ont enfin obtenu de toucher les mêmes primes que les joueurs. et non trois fois moins. Pourtant, l’équipe masculine n’a jamais dépassé les quarts de finale d’un Mondial, alors que l’équipe féminine a tout gagné, notamment quatre Coupes du monde (dont la dernière, en 2019) et quatre titres olympiques.

Depuis des années, les joueuses, emmenées par leur vedette Megan Rapinoe, bataillaient contre leur fédération, qui vient enfin de céder. Dans le monde, seules neuf fédérations sur 211 auraient mis joueurs et joueuses sur un pied d’égalité salariale. La Fédération française de football a attribué 400 000 euros à chacun des joueurs vainqueurs du Mondial 2018, alors que si les joueuses l’avaient emporté en 2019, elles n’auraient reçu que 40 000 euros. Dans les clubs, l’écart est encore plus criant, avec un salaire moyen de 73 000 euros mensuels pour un joueur de Ligue 1, et de 2 500 euros pour une joueuse professionnelle…

Pour justifier ces différences, les fédérations et les clubs ont longtemps utilisé des arguments physiques éculés : les femmes joueraient moins bien, elles seraient moins puissantes, moins rapides, etc. Depuis des journalistes sportifs comme Thierry Roland jusqu’à des académiciens comme Alain Finkielkraut, de nombreux mâles phallocrates ont vilipendé le football féminin. Aujourd’hui, les instances prétextent plutôt qu’il ne produit pas les mêmes recettes (droits télés, sponsors…) que le football masculin. Autrement dit, ces responsables justifient leur sexisme par celui de la société. En réalité, ils ont longtemps été responsables de la faiblesse des recettes : pendant un demi-siècle, de la fin de la Première Guerre mondiale à la fin des années 1960, les instances de ce sport ont tout simplement interdit le football féminin. Et aujourd’hui, quand les matchs sont diffusés, le public est au rendez-vous. En 2019, plus d’un milliard de téléspectateurs ont suivi la Coupe du monde féminine.

Les footballeuses américaines viennent de mettre un but bienvenu, qui bat en brèche des inégalités criantes, mais il est probable qu’on continuera d’entendre ce genre d’arguments tordus.

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