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Leur société
Éducation nationale : abus de précarité
Depuis la rentrée, de nombreux contractuels manifestent pour exiger un renouvellement de leur contrat. Ainsi, le 22 septembre, ceux de l’académie de Créteil se sont retrouvés devant le rectorat pour la cinquième fois depuis la fin août.
Ils sont environ 63 000 en France, un enseignant sur dix n’est pas titulaire dans le secondaire. Cela veut dire aussi qu’il est payé entre 5 et 20 % de moins qu’un enseignant titulaire pour faire le même travail.
Mais l’injustice ne s’arrête pas là. Chaque année, les contractuels craignent de ne pas voir leur contrat renouvelé. Dans l’académie de Créteil, juste avant les vacances, le service du personnel a envoyé pour la première fois à 2 630 enseignants une lettre précisant qu’« en raison du nombre d’agents titulaires affectés à la rentrée scolaire prochaine, je ne suis malheureusement pas en mesure, à ce jour, de vous proposer un renouvellement de contrat ».
Nombre d’entre eux ont certes eu un poste dès la rentrée, mais les vacances ont eu un goût amer. Chaque année, des enseignants apprennent ainsi leur affectation à la dernière minute ; ils ne font pas la rentrée avec leurs collègues et découvrent les niveaux et les classes au dernier moment. La durée de leur contrat varie d’un mois à une année. Et le rectorat s’ingénie souvent à arrêter le contrat juste avant les vacances pour ne pas les payer. En début d’année en revanche, les rectorats peuvent mettre deux voire trois mois avant de payer les salaires.
Au bout de six ans, un contractuel peut espérer décrocher un CDI mais ce sont justement ceux qui sont proches du but qui parfois ne retrouvent pas de travail. Et il suffit de quatre mois d’interruption pour devoir recommencer le parcours du combattant. Pour les contractuels immigrés, la pression est encore plus insupportable puisque certains sont menacés aujourd’hui de perdre leur titre de séjour.
Cette précarité sert le ministère de l’Éducation nationale qui escompte bien que ces enseignants se battront moins et que cela pèsera par contrecoup sur leurs collègues. C’est d’autant plus révoltant que dans nombre d’établissement, des postes d’enseignants ne sont toujours pas pourvus. L’État se comporte comme n’importe quel employeur, développant la précarité afin de diminuer les dépenses, au détriment du personnel et des élèves.