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Leur société
Beauvau : la béquille sécuritaire
Macron a présenté, le 14 septembre, les conclusions du « Beauvau de la sécurité ». Ces concertations fleuve, commencées il y a huit mois, visaient à calmer les récriminations des syndicats de policiers ulcérés par quelques allusions de Macron aux contrôles au faciès et aux violences policières.
Macron aurait difficilement pu ignorer le scandale créé par le tabassage, en novembre 2020, d’un producteur de musique d’origine antillaise, et d’autres accusations de violences policières lors de manifestations. Récemment encore, Amnesty international a dénoncé dans un rapport les graves violences gratuites exercées par les forces de répression contre des jeunes à la free-party de Redon en juin dernier.
Il ne restait plus au président qu’à corriger la mauvaise impression donnée aux policiers par ses quelques déclarations de circonstance. Reprenant la main sur son ministre de l’Intérieur Darmanin, Macron est donc venu à l’école de police de Roubaix, dans les Hauts-de-France, fief de Xavier Bertrand, pour apporter son soutien aux policiers et flatter l’électorat de droite, voire d’extrême droite, policier ou non. Il a déroulé un catalogue de promesses, dont l’essentiel ne pourra pas être voté avant l’élection présidentielle.
Aux policiers, il a promis un budget augmenté de 500 millions, soit au total 1,5 milliard d’euros dès 2022, des moyens matériels, informatiques, scientifiques, et pour accélérer les procédures, le doublement des effectifs sur le terrain d’ici dix ans, avec une réserve opérationnelle de 30 000 hommes, et 20 000 réservistes supplémentaires dans la gendarmerie. Et d’ajouter pour faire bonne mesure des écoles de formation, des affectations plus rapides, sans compter les nouvelles tenues, revues et modernisées, jusqu’aux couvre-chefs !
L’approche des élections rend Macron lyrique : il n’a pas hésité à déclarer aux policiers et gendarmes : « Je vous le dis avec solennité, respect et affection : la nation vous aime ! »
Sous le ridicule, son discours fleuve renvoyait tout de même à une réalité : Macron ménage la police, comme tout chef d’État qui sait que si la répression ne règle aucun des problèmes quotidiens créés par une société en crise, c’est toujours un dernier recours contre ceux qui protestent, à protéger absolument.